Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
De la plus régressive, comme celle de ces militaires persuadés que Saddam Hussein vient d’envahir la France (le film se déroule en pleine guerre du Golfe), à la plus libre, comme celle des personnages féminins qui cèdent, au détour d’un sentier aphrodisiaque, au charme brut d’un berger, ravi de l’aubaine avant d’en être dépité par fatigue. Sans oublier cette grève spontanée qui saisit l’équipe de tournage d’un western (n’avais-je pas évoqué les Etats-Unis en ouverture de cet article), parce que le déjeuner n’a pas pu arriver. Car, semble dire le réalisateur, l’homme au contact forcé avec la nature, n’a que deux échappatoires possibles : soit s’accrocher à des vestiges de civilisation, soit se concentrer sur ses besoins vitaux. Boire, manger, dormir, mais aussi se baigner nu dans l’eau fraîche d’un petit lac, comme le redécouvre avec délice Anne (et, l’espace de deux plans, le spectateur auquel est offerte la contemplation d’une magnifique Naïade).

Quant à l’amour, enjeu véritable de la relation entre Paul et Anne (mais aussi entre deux astrophysiciens isolés dans leur observatoire du Chiran), il ne sera possible de le trouver qu’au terme d’un rite quasi païen : la destruction par le feu de l’automobile. Ultime séquence du film et véritable sacrifice tribal, où les percussions de la bande son répondent au martèlement des pieds de la copilote sur le toit de la voiture, ce rite permettra, on le devine, à Paul et Anne de retourner à la civilisation, débarrassés des barrières mentales qui les contraignaient au début de leur rencontre.

Luc Moullet est donc un explorateur. Un explorateur avisé d’une région, le bloc de Majastres, qu’il filme à la manière d’un John Ford filmant Monument Valley : la référence initiale aux mythes américains se justifie ici pleinement et, pour abonder encore dans ce sens, il suffira de superposer aux images des troupeaux de moutons des plateaux français celles des troupeaux de bisons des plaines américaines. Mais aussi, et peut-être avant tout, un explorateur distancié et pince-sans-rire de l’âme humaine, parfaitement relayé par une bande d’acteurs dirigés avec discernement, en tête desquels on retiendra un Jean-Christophe Bouvet, jubilatoirement exubérant en militaire abruti et une Iliana Lolic, délicieusement charmante en midinette tourmentée.

Ainsi, pour notre plaisir retrouvé, l’homme tranquille du cinéma français est de retour sur nos écrans.



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir




Titre : Les Naufragés de la D 17
Réalisateur : Luc Moullet
Scénario : Luc Moullet
Image : Pierre Stoeber
Interprètes : Patrick Bouchitey, Iliana Lolic, Sabine Haudepin, Mathieu Amalric, Jean-Christophe Bouvet, Gérard Dubouche.
Son : Jean-Daniel Becache
Montage : Isabelle Patissou-Maintigneux
Mixage : Cédric Lionnet
Musique : Patrice Moullet
Producteur : Paulo Branco
Production : Gemini films & La vie est belle films associés
Distribution : Gemini Films
Sortie France : 29 mai 2002
Année : 2002
Pays : France
Durée : 1h 21