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Sous le prétexte d’une transaction, on veut assassiner le Prince. Chez un marchand de vin, la séance de dégustation devient une danse de mort compliquée et grotesque, à la chorégraphie aérienne. Le spectateur est perplexe face à ces mouvements, ces regards aussi policés que féroces. Cérémonial ou lutte à mort ? Est-ce ainsi qu’on sert le vin aux majestés, ou l’anse de la coupe va t-elle transpercer son cœur, sa gorge ? Le Prince sait-il, joue t-il avec ses meurtriers, ou alors esquive t-il selon un rituel, subit-il une épreuve initiatique ou une épreuve de force ? La scène est-elle comique ? Liu-Chia Liang laisse le spectateur dans le doute. La séquence se déroule dans l’ambiguïté dont sont faits les rêves. Mais le Prince survit et tue ses assaillants : c’est ainsi, du moins, qu’on finit par le comprendre. Les adversaires cependant ne renoncent pas : une seconde tentative d’assassinat est organisée, une nouvelle transaction doit servir de prétexte. Le Prince se rend chez l’antiquaire et cette fois-ci, le spectateur sait à quoi s’attendre. Mais le réalisateur inclut alors Dirty Ho, exclu, lui, de la première tentative de meurtre et qui, lui, ne sait rien. Entrevoyant un manège similaire à celui du marchand de vin, le personnage va s'interroger comme le spectateur dans la séquence précédente : transaction policée ou tentative d’attentat ? Ces questions, ces doutes, l’empêchent d’intervenir, il ne sait pas à quoi s’en tenir. Tout à coup, avec une acuité rare, nous éprouvons véritablement le sentiment du danger : face aux tergiversations de Dirty Ho, qui sont les mêmes que les nôtres auparavant, nous saisissons d’autant mieux la solitude du Prince face au complot si bien déguisé qui l’entoure.

La 36ème Chambre de Shaolin (c) D.R.
La richesse et la finesse de la mise en scène sont toutes aussi étonnantes dans cette séquence ludique où nous assistons d’abord à la projection de ce qui pourrait se passer (des malfrats annoncent à Dirty Ho comment ils comptent se défendre contre ses attaques et le réduire à l’impuissance), puis de ce qui se passe vraiment. On a davantage l’impression de deux réalités qui se chevauchent que d’une fiction annulée par la réalité.

Le combat final mérite un chapitre à part. Son économie de plans, de trucs et d’effets pour atteindre une efficacité maximale, en font un modèle du genre. C’est aussi une merveille de précision dans les mouvements : la manière dont Lo Lieh et ses acolytes se passent et se repassent la lance, celle dont Dirty Ho et le Prince manient, ensemble ou séparés, le bâton, est absolument magique. Liu-Chia Liang veille à ce qu’il n’y ait pas d’immobilité dans l’espace : même en dehors de la mêlée, les personnages ne cessent de virevolter, prêts à tout moment à se substituer aux autres. Très long mais guère ennuyeux, le combat est, là aussi, parfaitement rythmé, parfaitement découpé, parfaitement chorégraphié, parfaitement interprété. Pourtant, il détonne dans l’ensemble du film par son caractère austère, sévère, dur. Les autres combats sont baroques, flamboyants, hauts en couleurs : de la commedia dell’arte. Celui-ci n’est plus que définitif – conclusion logique et transcendante d’un chef-d’œuvre.



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Titre
 : Dirty Ho
Titre anglais : Rotten Head Ho
Réalisateur : Liu Chia Liang
Chorégraphe : Liu Chia Liang
Acteurs : Wong Yu, Gordon Liu, Lo Lieh, Hsiao Ho, Kara Hui Ying-Hung, Chan Si Gaai, Yau Chui Ling, Cheng Miu, Yeung Chi Hing, Jamie Luk, Johnny Wang, Wilson Tong, Ging Chue, Wai Wang, Keung Hon, Shum Lo, Poon Bing Seung.
Producteurs : Mona Fong, Sir Run Run Shaw
Distributeur USA : Ground Zero Entertainment
Durée : 99 min