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Sia, le rêve du Python (c) D.R. SIA, LE REVE DU PYTHON
de Dani Kouyaté
Par Julie REMY



SYNOPSIS : Koumbi est une cité dominée par un empereur, maître de l’univers. Elle est frappée par la misère. Pour lui redonner prospérité, les prêtres de l’empereur doivent pratiquer un sacrifice humain habituel auquel le peuple ne croit plus. Sia est désignée pour le sacrifice. Mais elle est fiancée à Mamadi, un vaillant lieutenant de l’armée. Celui-ci apprenant la décision se rebelle et parvient à éviter le sacrifice de sa belle.

Le pouvoir change de main, mais le mensonge qui le régit demeure. Sia en a conscience, elle qui a été violée par les prêtres, s’est attachée au discours de Kerfa, un vieux fou à la parole sage mais subversive.

Contre toute attente, au lieu de se coiffer de la couronne d’impératrice que lui offre son fiancé nouveau maître de la ville, Sia prendra la route, comme Kerfa l’a fait avant elle, afin de faire prospérer une parole de paix et de justice. Parole qui passe par une sorte d’anathème sur la ville et ses habitants qui ne parviennent pas à tirer les leçons de l’histoire..

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UNE FABLE A PORTEE UNIVERSELLE

  Sia, le rêve du python (c) D.R.
C’est dans les vieilles marmites qu’on fait les meilleures sauces. Le réalisateur burkinabé Dani Kouyaté nous le prouve avec son deuxième long-métrage, Sia, Le Rêve du python, une fable humaniste basée sur une légende soninké datant du VIIe siècle.

Il nous offre une adaptation intelligente du mythe fondateur du Dieu Serpent qui, selon la croyance ancestrale, recevait en tribut une des plus belles jeunes filles de la noblesse. En échange, l’empire du Wagadu, considéré comme le plus ancien royaume noir connu, bénéficiait d’une prospérité basée sur le commerce de l’or.

Mais un jour, une belle sacrifiée refusant son sort tragique a mis fin à ce sanglant compromis. L’histoire raconte que son fiancé s’est aventuré dans l’antre du dieu serpent et l’a tué. Avant de mourir, celui-ci maudit le peuple soninké dont la domination s’étendait du Sénégal au Niger. Condamné à la dissolution et à l’exil, le royaume a disparu – l’empire mandingue naîtra de ses cendres - mais la mémoire soninké a été préservée grâce à une tradition orale très riche qui a survécu jusqu’à aujourd’hui.

Sia, le rêve du python (c) D.R.
L’adaptation libre de Kouyaté est inspirée d’une pièce de théâtre de l’auteur mauritanien Moussa Diagana aux tonalités féministes, qui a d’ailleurs été touchée par la censure en Afrique sub-saharienne. Le film incite à rester vigilant face à l’amnésie collective et au mensonge trop souvent accepté pour accéder au pouvoir, conserver ses privilèges, ou tout simplement éviter de perdre la face. Cette réflexion contemporaine sur le pouvoir emprunte volontiers au répertoire tragique. D’ailleurs, le courage de l’héroïne soninké Sia (incarnée par la magnifique Fatouma Diawara) n’est pas sans rappeler celui de l’Antigone de Sophocle ou de l’Iphigénie d’Euripide, oeuvres maîtresses de la culture occidentale.

Le cinéaste a volontairement intégré des éléments de sa culture burkinabé, n’en déplaise aux puristes, pour donner au film une portée plus large. La parabole est particulièrement évidente dans la dernière scène du film : Devenu empereur après un coup d’Etat, le fiancé de Sia, Mamadi (Ibrahim Baba Cissé), la répudie parce qu’elle menace de révéler le terrible secret du serpent, qui menacerait son pouvoir.