SYNOPSIS :
La société du futur a éliminé le
meurtre en se dotant du système de prévention
le plus sophistiqué du monde. Dissimulés au cœur
du Ministère de la Justice, trois extralucides captent
les signes des violences homicides et en adressent les images
à leur contrôleur, John Anderton, chef de la "
Précrime ". Muni de toutes les informations nécessaires,
celui-ci n’a plus qu’à lancer son escouade aux trousses
du " coupable "… Devenu justicier après la
disparition de son fils, Anderton s’est investi dans sa tâche,
convaincu que la " Précrime " serait le meilleur
remède à sa douleur et la réponse la plus
adaptée aux obsessions sécuritaires de ses concitoyens…
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POINT DE VUE
Washington, 2054.
Devant un écran qui propose des parcelles d’images
de violence homicide, un homme agite ses bras. Il choisit,
isole et analyse un fragment. Ses mains recouvertes de gants
aux extrémités lumineuses permettent d’entrer
dans l’image, de manier le zoom, de débusquer les cadres
dans le cadre : son rôle est, littéralement,
de faire parler les signes. Signes précurseurs qui
prédisent tout en laissant une part énigmatique
à élucider : telle est la tâche du service
de la " Pré-crime ". Quelque chose d’étrangement
beau, d’élégant, émane de la chorégraphie
de l’agent John Anderton (Tom Cruise) : tronc fixe, buste
immobile qui alterne arrêts et gestes syncopés.
Un langage du corps qui permet un agencement des formes, que
l’œil découvre et ne comprend pas tout à fait.
La société
du futur selon Spielberg : l’homme face au mur de l’image,
une incompréhension et une recherche de la connaissance
qui procède par étalonnage de flots d’images.
Vision qui rappelle la pensée de l’image de contrôle
des films de De Palma, mais qui diffère dans son caractère
prémédité : il s’agit moins d’arrêter
l’image pour en trouver, contrôler ici l’origine (d’où
vient-elle ? est-elle vraie ?), qu’ordonner déjà
la suite de l’histoire (où va-t-on maintenant ?). L’image
ne ment pas, elle ordonne, affirme qui elle est, tout en proposant
une probable et future résolution. Nulle source de
l’image (on la connaît) mais un flux (que dit-elle ?)
qui laisse parfois échapper l’angle de vision de la
victime. Ce flux met en place dès lors la détection
des lieux de la Pré-crime : étude de l’arrière-plan,
étude de la configuration spatiale, des perspectives.
Il faut ensuite établir la prévention du meurtre
: si l’image prédit, je dois prévoir, m’organiser
à partir d’elle. La distance qui sépare le futur
du présent se dissout dans la suspension d’une image
déjà connue et visionnée : le geste du
coupable, stoppé net. De ce feuilleté temporel
aux mécanismes codifiés émerge néanmoins
un principe d’ignorance : la Pré-crime est-elle infaillible
? Prévention/détection/répression sont
les trois mots d’ordre qui la régissent. Soit le schéma
militaire d’une obsession sécuritaire, nouvelle angoisse
du siècle en cours.
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