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The Hours (c) D.R. THE HOURS
de Stephen Daldry
Par Laetitia HEURTEAU


SYNOPSIS : Dans la banlieue de Londres, au début des années 20, Virginia Woolf lutte contre la folie qui la guette : elle entame l’écriture de son grand roman Mrs Dalloway. Plus de vingt ans plus tard, Laura Brown lit Virginia Woolf : une expérience si forte qu’elle songe à changer radicalement sa vie. A New York aujourd’hui, Clarissa Vaughan, version moderne de Mrs Dalloway, soutient Richard, un ami poète atteint du Sida. Trois époques. Trois femmes, en apparence fort éloignées. Seulement en apparence, car en réalité, ces trois destins de femmes ont un lien qui va peu à peu faire surface.

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POINT DE VUE

  The Hours (c) D.R.
D’une richesse impressionnante, tant dans son utilisation que dans sa texture, la musique de The Hours reflète l’atmosphère de ce film : serpentine mais sans cesse présente, elle se faufile parmi les trois vies de ces femmes que le temps sépare mais que les circonstances et la psychologie rapprochent. Ainsi, l’originalité de ce film est surtout de souligner la force d’un roman dont le sujet va influencer la vie de deux autres femmes d’une manière saisissante. C’est aussi l’occasion pour le réalisateur anglais Stephen Daldry (Billy Elliott) de dresser le portrait d’une romancière anglaise célèbre, Virginia Woolf, qui tente de lutter contre sa folie maladive qui la pousse à se détruire.

Il faut ajouter que dans l’interprétation de ce personnage, Nicole Kidman est stupéfiante. Physiquement méconnaissable, son jeu est également intense et étonnant. De ce visage et de ces vêtements ternes, se déploie pourtant une véritable force que seuls les yeux de Kidman, extraordinairement grands et brillants, trahissent.

The Hours (c) D.R.
Cette absence par rapport au monde qui l’entoure (du fait de sa folie) et son intérêt constant dans l’exploration de la psychologie de son héroïne l’exilent du monde de la réalité. La lumière de cette période joue sur les gris, les mauves, les verts délavés comme pour indiquer la fadeur de la vie réelle de la romancière (qui développe en même temps une sorte de paranoïa envers ses domestiques, qu’elle perçoit comme des geôliers) qui recherche la fuite vers Londres, symbole de la vraie vie.

Vingt ans plus tard, Laura Brown est une parfaite maîtresse de maison à l’américaine. Plus éclairés mais gardant toujours une forte tonalité terne, les décors et couleurs de cette période reflètent à nouveau le sentiment de malaise de cette lectrice passionnée de Mrs Dalloway. Julianne Moore incarne cette femme double, en apparence dévouée à son mari et à son fils, mais en fait dépressive face à cette vie stéréotypée « american way of life ». Comme l’héroïne du roman de Virginia Woolf, à laquelle elle s’identifie, Laura Brown découvre son incompatibilité à vivre dans ce monde où elle n’a pas de rôle véritable.