Le magnétophone sous la main, j’enregistre
mes moindres idées : …New-York, la fille est une intellectuelle
mariée à un intellectuel maigre, grisonnant et emmerdant,
elle est brillante mais triste, elle n’est passionnée par
rien, ne s’étonne de rien et cela la fatigue de ne pouvoir
aimer, de ne pouvoir sentir, alors elle part à l’aventure
pour retrouver son enfance, pour que ce type - l’aventurier
sale et génial – lui donne du frisson, de l’amour, de la
passion du monde. Elle est prête à tout, à retourner avec
lui, à se droguer, à partir chasser l’orchidée dans les
marais - pourvu qu’il y ait l’ivresse et, in fine, la sensation
d’être une autre, de vivre autrement, comme avant - stop,
je réécoute pour voir si c’est bon - mais une idée surgit
au moment même où j’appuie sur « Play » :
natif du Connecticut et étudiant à Boston et New York, le
scénariste qui a commis cette fanfaronnade ne démériterait
pas dans une comédie de Woody Allen. Etait-ce vraiment nécessaire
de le dire ? Trop tard, c’est enregistré… Serais-je
à bout ? Déjà ! Non, il faut gesticuler encore,
s’agiter la tête, trouver un retournement, un motif, une
référence… Adaptation, Orchidées, Floride, Spike
Jonze, Fat Boy Slim, Pubs, Human Nature, Michel Gondry
- oui, ce scénariste à commis bon nombre de scénarii atypiques
- Human Nature en l’occurrence était frais et généreux
- mais au fait pourquoi Spike Jonze a-t-il fait autant de
pubs - fausse route. Adaptation est-il un film drôle ?
Sans doute. Complexe ? Bien sûr. Trop ? Suffisamment
pour souhaiter redevenir enfant. Moi aussi ? Sans doute ?
Ce film est-il fait pour moi ? J’en doute ? Mais
alors qu’en penser ? Que je m’y retrouve. La belle
affaire. Et les autres ? Je les oubliais. S’y retrouvent-ils ?
Oui, s’ils sont scénaristes, écrivains, créateurs en tout
genre, oisifs et speedés, si leurs nuits ne ressemblent
à celles de personnes, si chaque jour est l’occasion pour
eux de se remettre en cause, de s’injurier, de se diminuer,
si la dépression les guette ou qu’au contraire ils s’épanouissent
dans leur décrépitude – après tout, seule l’œuvre finale
compte. Où suis-je ? Ai-je fini ? Je crois bien.
Me suis-je mordu la queue comme dans le film, à faire ce
que, initialement je ne voulais pas faire, parler du film,
raconter une histoire. Qu’allez-vous penser de moi, vous
qui souhaitiez penser quelque chose du film….me haïssez-vous
déjà ? Une seule solution. Achetez une place, et foncez !
Titre : Adaptation Réalisateur :
Spike Jonze D’après le livre :
Le Voleur d’orchidées de Susan Orlean Acteurs : Nicolas
Cage, Meryl Streep, Chris Cooper, Jay Tavare,
Cara Seymour Superviseur des effets visuels :
Gray Marshall Chef Costumier :
Casey Storm Compositeur :
Carter Burwell Chef Monteur :
Eric Zumbrunnen, A.C.E Chef Décorateur :
K.K Barrett Directeur de la photographie :
Lance Acord Premier assistant réalisateur :
Thomas Patrick Smith Décorateur :
Peter Andreus Ingénieur du son :
Drew Kunin Effets spéciaux :
Gary D’amico Producteurs :
Edward saxon, Vincent Landay, Jonathan Demme Producteurs exécutifs :
Charlie Kaufman et Donald Kaufman Sortie le : 26 mars
2003 Durée : 1h56