En profondeur, le cinéaste observe
une famille en apparence idéale, alors qu’en fait tout n’est
pas aussi parfait que l’on ne pense : le père bascule progressivement
dans une paranoïa aiguë ; la mère tente de calmer tout le
monde en jouant la carte du mutisme ; le gamin est battu et
la fille n’a qu’une envie : quitter la maison. Un déséquilibre
profond et palpable dès les premières scènes de la crémaillère
où le cinéaste nous montre une famille heureuse a priori,
alors que de sombres nuages viennent couvrir le beau temps
de la fête. Dans son premier long-métrage, Balaguero s’était
déjà intéressé au lien unissant une mère et une fille. Dans
son second, il autopsie une famille dans laquelle il n’y a
plus d’amour et où chacun reste dans son coin, avec ses névroses
de plus en plus grandissantes...
Dans une seconde partie, le film donne l’impression de s’éparpiller
sur plusieurs pistes, mais cela fonctionne comme un trompe-l’œil.
Au contraire, si le cinéaste agit ainsi, c’est pour mieux
accentuer la dimension tragique de son histoire et préparer
un final délicieux, aussi spectaculaire que terrifiant, qui
donne une vraie cohérence à l’ensemble. Magnifié par une interprétation
d’ensemble d’une grande sobriété, ce thriller horrifique provoque
des sensations viscérales par la simple force des images et
du son. À l’inverse d’un Darkness Falls, fiction anodine
de consommation immédiate et n’engendrant aucune séquelle,
Darkness, lui, secoue, émeut le spectateur et continue
de faire peur longtemps après la projection. À la fois classe,
ténébreux, marquant, complexe et bouleversant, il possède
par ailleurs tous les ingrédients parfaits du grand film fantastique.
Titre : Darkness Réalisateur :
Jaume Balaguero Scénaristes :
Jaume Balaguero, Fernando de Felipe Acteurs : Anna Paquin,
Lena Olin, Iain Glen, Stephan Enquist,
Giancarlo Giannini Distribution :
Bac Distribution Pays : Espagne,
USA Sortie : 18 juin
2003 Durée : 1h42 Année : 2002