Dans ce bref échange entre ces deux
personnages que tout sépare, on comprend que l’humour anglais
et celui particulièrement incisif de Richard Curtis peut
faire passer bien des sentiments enfouis : le trouble,
la douleur et la modestie du côté de son héroïne et l’étonnement,
l’ironie et la compassion du côté du personnage de Hugh
Grant, bref une sorte de légèreté dans l’écriture qui reposerait
paradoxalement sur des bases psychologiques complexes.
« Christmas is all around », parodie musicale
du groupe Wet Wet Wet va ironiquement devenir le tube n°1
des ventes de disques de noël dans Love Actually..
Au passage, on est séduit par l’interprétation de Billy
Mack dans le rôle du chanteur de rock pas si cynique et
cocaïné à souhait qu’il n’y paraît ou par la (trop courte)
apparition de Rowan Atkinson, complice de toujours de Richard
Curtis, dans le rôle d’un vendeur à la lenteur exceptionnelle.
Cet emballage musical participe
pleinement du rythme de cette comédie chorale qui va jouer
à fond la carte de Noël pour planter le décor (romantique
par son contexte) de cette intrigue, où les histoires d’amour
se kaléïdoscopent ici à bon escient. On peut tout de même
émettre une réserve concernant l’intrigue de John, sorte
de Spike bis qui s’émigre volontairement aux Etats-Unis
pour connaître une vie sexuelle plus agitée, ce qui n’apporte
pas grand-chose à la « machine infernale » de
l’intrigue du film.
A la tête de cette brochette d’acteurs britanniques très
appréciés du grand public, Hugh Grant (acteur très « curtisé »
par excellence) parvient facilement à tirer son épingle
du jeu, malgré le fait qu’il n’ait pas le rôle principal,
en composant un personnage comique plus léger et fantasque
que ses prestations de british lover mal assuré dans Quatre
Mariages… ou dans Coup de foudre à Notting Hill.
Dans un autre registre, Emma Thompson va incarner toute
en retenue une femme mariée qui se découvre trompée par
son mari (Alan Rickman), déclinaison de l’amour que le temps
cette fois-ci salit. Car tout n’est pas rose dans Love
actually, et l’amour est loin de triompher partout.
« Au moment où vous êtes
fou de bonheur, ailleurs, quelqu’un d’autre se désespère.
Tous ces moments sont autant de notes qui font la partition
du monde, sa musique et sa vie. Au moment où vous devenez
conscient de cette symphonie, elle évolue déjà. C’est bien
connu le bonheur n’habite jamais longtemps à la même adresse
et le malheur adore surprendre. Lorsque vous prenez du recul
par rapport à tout ça, c’est assez jubilatoire »,
nous fait ainsi remarquer Richard Curtis.
Avec Love actually, Richard Curtis parvient à composer
une habile symphonie sentimentale où l’émotion et l’humour
se taillent la part du lion, proposant ainsi une vision
résolument optimiste et chaleureuse de notre société.
Titre : Love
actually Réalisateur et scénariste :
Richard Curtis
Interprètes :
Hugh Grant, Liam Neeson, Colin Firth, Laura Linney,
Emma Thompson, Alan Rickman, Keira Knightley,
Martine Mc Cutcheon, Billy Nighy, Rowan Atkinson,
Andrew Lincoln, Billy Bob Thornton, Joanna Page,
Kris Marshall, Lucia Moniz, Martin Freeman, Thomas
Sangster Producteurs :
Duncan Kenworthy, Tim Bevan, Eric Fellner Directeur de la
photographie :
Michael Coulter Chef décorateur :
Jim Clay Producteur délégué :
Chris Thompson Chef costumière :
Joanna Johnston Coproductrices :
Debra Hayward, Liza Chasin Compositeur :
Craig Armstrong Casting :
Mary Selway Sortie nationale
: le 3 décembre
2003 Pays :
Royaume-Uni Durée :
2h10