Revenons à Jeepers Creepers 2
qui comme son titre l’indique, est la suite du premier volet.
A priori, on est supposé voir se succéder à l’écran les mêmes
ficelles subtiles que celles du premier volet. Erreur : Salva
n’a plus envie de jouer avec le fantastique sourd et la terreur
implicite comme auparavant mais de déconner furieusement avec
des personnages tous plus sots les uns que les autres (la blondasse
assaillie de visions pétrifiantes, les sportifs qui se font
cramer sur le toit du bus et passent leur temps à se balancer
des vannes homophobes, les pompom girls qui se cachent pour
fumer en toute tranquillité, le nerd intello binoclard bon à
rien). Du beau monde donc, tous peu ou prou prêts à se faire
zigouiller par un monstre qui, au milieu de ces fantômes archétypaux,
finit par s’humaniser : il sourit, rit, fait des clins d’œil,
se cache... Accessoirement, il lance des regards vers la caméra
comme pour manifester de la sympathie à notre égard, semblant
nous dire « vous ne les trouvez pas un peu cons ? ». Implicitement,
il finit par combler de joie le spectateur qui jubile à défaut
d’avoir peur.
Et c’est là où le bât blesse :
Jeepers Creepers 2 n’est donc plus un film d’horreur
mais une comédie où on plaisante avec le genre et ses codes
un peu niais sans pour autant cracher dans la soupe. La mise
en chantier d’un second volet semble plus d’ordre affectif que
mercantile. Autrement, Salva s’ingénie encore une fois à parsemer
son récit d’allusions à son passé noir (il a été accusé de pédophilie)
et continue de s’identifier à son héros craspec qui n’aime rien
tant que renifler la bonne chair de mâles adolescents (entre
autres) qu’il s’apprête à consommer. Sauf que toute la différence
entre les deux volets se fait précisément dans les personnages.
Si c’est amusant de rire quelques instants de pantins ambulants
qui crient et bougent dans tous les sens, Salva n’aurait toutefois
pas dû oublier que si on marchait à ce point à l’histoire terrifiante
de son premier volet, c’était autant pour le monstre que pour
l’identification des personnages et la connivence exceptionnelle
entre le frère et la sœur, alors protagonistes du premier volet.
S’il est incontestable que la première demi-heure mérite le
détour et s’impose comme une habile conjugaison entre horreur
et parodie, la suite s’avère plus laborieuse avec son script
inconsistant qui ne va pas jusqu’au bout de ses sympathiques
ambitions.
Titre : Jeepers Creepers 2 Réalisateur : Victor
Salva Acteurs : Jonathan
Breck, Justin Long, Nicki Lynn Aycox, Ray Wise Scénario : Victor Salva Photo : Don E. FauntLeRoy Musique : Bennett Salvay Distribution : UFD Sortie le : 04 Février
2004 Pays : Etats-Unis Année : 2003