Dès l’ouverture du film, le cinéaste impose une fluidité
corporelle dans un lieu clos et circoncis, avec une temporalité
resserrée aux moindres gestes de chacun. Les trois premiers
plans, ophulsiens (hommage discret à La Ronde de Max
Ophuls 1953), jouent l’ellipse temporelle où la progression
de l’histoire nous est donnée à voir non par le lieu, inchangé
(le hall de l’immeuble) mais par le corps. Le cadre du récit
est impulsé par ces trois premiers plans : elliptique,
plan serré sur les personnages, hors champ évacué, temporalité
et progression du récit impulsé par le corps. La suite du film
ne sera que cette variation érotique de deux corps dans un espace
clivé - ni totalement fermé ni tout à fait ouvert. Le monde
semble réduit au désir de ces deux personnages filmés très près
du visage, proche de la peau pour tenter de saisir l’émoi charnel.
Où la voix off décalée de leurs mots d’amour semblent les figer
(presque coaguler dans une fusion érotique) dans une a-temporalité
du temps intime du sentiment. Le film travaille deux figures :
la spirale de l’escalier en colimaçon sans fin, celle des baisers,
du désir qui monte et descend (Hervé critique le maquillage
de Rachel) spirale infernale du ménage (plan du sceau avec la
serpillière à tordre) et le cadre. Le cadre des portes en premier
lieu, à la fois cloisons, liens phatiques, sources de désirs
et de frustration, séparation du monde des adultes à celui de
l’adolescence. C’est aussi celui du cadre de vie : Rachel
fait le ménage et accepte les vêtements des voisines plus aisées,
Hervé ne soucie guère des femmes de ménage.
Le montage du récit joue sur la répétition du même (Hervé et
Rachel ensemble) avec des incursions sur d’autres personnages
qui agissent en miroir sur le couple (la voisine vit la même
aventure que Rachel).
Cinéaste suisse, Frédéric
Mermoud est
né en 1969 à Sion (canton du Valais). Après des
études au département cinéma de l'Ecole cantonale
d'art de Lausanne, il obtient le diplôme de réalisateur
en audiovisuel. Il réalise alors des courts métrages,
notamment Délit mineur, Aller-retour,
Nocturne, Son jour à elle, Les
électrons libres.
Titre : L'Escalier Réalisation : Frédéric
Mermoud Scénario : Frédéric
Mermoud Acteurs : Nina
Meurisse, Clément Van den Bergh, Stéphanie Sokolinski,
Camille Japy, Marie Colins Image : Thomas
Hardmeier Son : Julien Sicart,
Bruno Reiland, Florent Lavallée Montage : Sarah
Anderson Décors : Amélie
de St-Sauveur Production : Bénédicte
Pollet
Festivals / Prix :
Grand Prix Festival Côté Court de Pantin 2003,
Grand prix Européen des premiers films Images
02 Vevey, Prix Spécial du Jury Festival de Rome