Peu loquace, le récit filmique joue
sur des atmosphères visuelles et sonores, avec l’usage régulier
de gros plans sur les formes (corps, sein, ventre, sexe, cul
de Claudine, caverne sombre), matières (végétal, organique,
poilue, animale, liquide.) Les plans d’ensemble sont le contrepoint
de ce rétrécissement de vie, qui isole plus encore notre héroïne ;
écartelée entre son monde fort clos et cet horizon sans attente,
de cieux et de pâturages sans fin, qui se répètent toujours
identiques. Claudine, comme le film oscille entre le très
près (la chair qui exclut radicalement le monde entier comme
ce très gros plan sur la peau de vache qui envahit tout l’espace
diègétique faisant se basculer le récit dans autre chose,
où le micro devient macro) et le très large, un large qui
ne mène à nulle part (aucun contre-champ possible et visible
sur la ville lorsque Claudine prend le car, sur la longue
route sans fin). La bande sonore alterne réalisme du
lieu (arrachage des plantes, sauts qui se claquent, bruits
de la ferme, froissement des billets) à l’onirisme (on n’entend
que ça, il y a le tic-tac du réveil la nuit lorsqu’elle s’agite
et jouit au son du beuglement de la vache, bruissement des
feuillages). Tout comme l’usage de cet élément sonore central,
véritable leitmotiv du film : le beuglement de la vache,
qu’il soit naturel ou artificiel (Claudine s’endort avec un
bibelot de vache sonore).
Né en 1968 à Grenoble, Gérald
Hustache-Mathieu
réalise ses premiers films en super 8, dont Cette
année, j’ai tout filmé, pour lequel il filme
pendant un an, une minute par jour. Il réalise
ensuite L’enregistreur (adaptation de Dino
Buzzati), puis un film burlesque Poubelles.
Peau de vache est son premier film produit ;
il prépare actuellement son premier long, Les
Poils du pinceau.
Titre : Peau de vache Réalisateur : Gérard
Hustache-Mathieu Scénario : Gérard
Hustache-Mathieu Chef opérateur :
Aurélien Devaux Montage : François
Quiquere Producteur : Fidélité
Productions Acteurs : Sophie
Quinton, Olivier Saint-Jour, Clémence Massard Infos : France, 2000,
22 minutes, couleurs, 35mm
Festivals : Prix
d’Interprétation Féminine & SACD Meilleur
Première Œuvre Clermont, Grand prix du jury à
Angers, Prix du Public à Château-Arnoux, Premier
Prix à Lama, Prix du Jury Jeune Espoir pour Sophie
Quinton à Moulins, Prix de la Ville à Saint-Paul-Trois-Châteaux,
Meilleur Actrice : Sophie Quinton aux "Les
Lutins du court métrage" 2002, Meilleur Court
Métrage Césars 2003…