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Il Dono (c) D.R.

Ici, un téléphone portable vibre sur une table en bois, là une jeune fille manifeste de manière saccadée son plaisir, ici un ballon tombe d’une falaise, là la même jeune fille dévoile sa poitrine. Ainsi surgissent du quotidien des événements arrachés à l’ennui, à la laideur, à la banalité. Ainsi s’offre une nouvelle expérience de l’univers immédiat, neuve, presque primitive. Rien n’échappe au quotidien, pas même les sons, pas même les gestes (ceux du rite comme ceux de l’amour physique). Tout se passe comme si le regard, en aspirant à la neutralité, se contentait de décrire les choses (corps et objets) passivement, sans qu’aucun jugement n’intervienne dans la définition de ce qui est vu, et donc par le truchement du cadre. Cette neutralité naît avant tout d’un refus permanent d’imprimer au montage un rythme. Ainsi avant que le ballon ne s’égare, on le voit dévaler les marches du village, plan après plan, le ballon ne cesse de descendre, comme si le réalisateur souhaitait en prolonger le mouvement : l’événement ne vaut plus que par le temps qu’il rend palpable. La neutralité ailleurs est pour ainsi dire mimée au moyen de raccourcis. Une ellipse pour le moins naturaliste permet par exemple de passer d’un plan où un vieil homme propose à une jeune fille de la prendre en voiture à un plan du même homme – cette fois-ci déculotté - sur la jeune fille. L’acte aperçu dans toute sa crudité n’a ni début ni fin, l’homme s’affaire tandis que la fille ouvre grand la bouche, le plaisir s’insinue en dépit de la dureté de la scène : l’amour ne procède plus que d’un appétit. Le regard du réalisateur se fait à cet endroit amoral, et tente de toucher par là un état idéal du cinéma-vérité. Cette tentative trouve bien entendu sa limite dans des plans certes moins influencés par le cinéma que par la peinture : plans panoramiques de paysages d’abord, longs et contemplatifs, qui penchent parfois du côté de l’abstraction ; plans américains ensuite, à l’image de cette jeune femme dénudée qui, aperçue à distance, n’est pas sans rappeler la pudeur et dans le même temps la sensualité de Vermeer. En somme Il Dono est pris entre deux inclinations : le désir de voir et le plaisir de voir. D’un côté marqué par le fantasme têtu d’une hypothétique trace pure (c’est-à-dire intacte de l’empreinte indésirable de celui qui regarde), il a de l’autre les vertus d’un cinéma patient et contemplatif, parsemé ça et là d’imperceptibles épiphanies.



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Titre : Il Dono
Réalisateur : Michelangelo Frammartino
Scénario : Michelangelo Frammartino
Production : Santamira Produzioni
Image : Mario Miccoli
Montage : Michelangelo Frammartino
Son : Davide Sampier
Décor : Giuseppe Briglia, Ferdinando Ritorto, Nicola Ritorto
Acteurs : Angelo Frammartino, Gabriella Maiolo
Année : 2003
Pays : Italie
Durée : 1h20