Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
SENSATION X
Le porno est-il le cinéma de la sensation, pure, vraie et directe ?
Par Nadia MEFLAH


“Baise-moi, baise moi encore et rebaise,
Donne m’en un de tes plus savoureux,
Donne m’en un de tes plus amoureux,
Je t’en rendrai quatre plus chauds que braise ”
Louise Labé

....................................................................

Le porno est-il le cinéma de la sensation, pure, vraie et directe ? Cette question sera le fil rouge de ma réflexion durant ma recherche pour essayer de ne pas perdre la naïveté du premier regard devant les films choisis. Je dois clairement dire que le X m’a toujours troublé dans la mesure où il semble être quelque chose de secret et en même temps oublié, présent certes mais comme annuler par le consensus social et politique. Le porno serait devenu l’immense exonération de tous les cinéastes dits modernes pour qui le cul ne saurait égaler le visage ; et qu’eux d’ailleurs ne peuvent filmer ça sans devenir pornocrates. Il y a me semble-t-il  une grande hypocrisie et dans le même mouvement un abandon et une lâcheté de la part des réalisateurs. Car enfin je ne crois pas qu’il soit impossible de représenter la violence et la fatale beauté du sexe à l’écran. Fatale dans sa vérité à dire l’impensée, l’infilmable.

  Sauvage Innocence (c) D.R.

Le porno excite notre pulsion scopique, ne soyons pas hypocrites. Il est cet obsession du voir encore et encore, ce en quoi réside toute sa force et toute sa faiblesse nécessairement. Il se situe sur le mode enfantin voire régressif et du cinéma et du spectateur ; où toute sa formidable puissance se concentre dans ce pur désir de voir quelque chose d’extra-ordinaire. Et comme l’enfant au cirque écarquille de joie et d’ahurissement ses immobiles yeux ronds, la spectatrice que je suis ne peux s’empêcher de s’accrocher plus encore à ces ébranlements de chairs. Relisons le très beau texte de Barthélémy Amengual : “ Le cinéma rajeunit, remonte aux sources, retrouve les certitudes de son enfance Si l’on veut une formule qui définisse l’esthétique, la sémantique et l’ontologie du cinéma pornographique dans sa plus grande généralité, on dira qu’elles sont celles des frères Lumière. A peu de chose près, ce cinéma répète toujours et essentiellement la même séquence : “ l’entrée en gare du train de la Ciotat ”. Il ne s’agit plus des mêmes trains ni des mêmes gares. Encore moins de l’enfoncement sensoriellement suggestif des trains hitchcockiens dans des tunnels symboliques. Toute métaphore ici serait hérétique. Seul a droit de séjour l’image de la réalité immédiate”. (1)