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LES AMOURS D’UNE BLONDE
de Milos Forman
Par Gilles GOUSSET


SYNOPSIS : A Sruc sur Sazava, la population féminine de la gigantesque fabrique de chaussures est en surnombre. Le responsable culturel trouve une solution et fait implanter un cantonnement militaire à proximité pour animer les bals de la culture. Seulement voila, ce sont tous des quadragénaires ridicules et ventripotents. Cependant la jeune Andula sera choisie par le pianiste de l`orchestre...


Retour sur Les Amours d'une blonde de Milos Forman à l'occasion de son édition en DVD par Mk2.


LE MINISTRE, LE CINEASTE ET L’AMOUR

1958 : Milos Forman est assistant metteur en scène d’un spectacle Lanterne magique, présenté par la Tchécoslovaquie à l’Exposition Universelle de Bruxelles, et créé par Alfred Radok, « bel et bien un génie ». Le spectacle « créa l’événement et se vit décerner la médaille d’or de l’Expo ». Les autorités tchécoslovaques lui décernèrent le prix d’Etat et demandèrent à la même équipe d’en monter une nouvelle version. Forman en devint l’un des co-auteurs.

« La séquence la plus forte avait pour décor un intérieur paysan figuré par quelques éléments de mobilier et par des projections de fenêtres... »

  Sauvage Innocence (c) D.R.

Sur une musique de Martinu « deux danseurs exécutaient un duo amoureux autour du lit mais, tandis qu’ils dansaient, les images projetées commençaient à s’agrandir et on découvrait peu à peu, à la fenêtre du fond, trois garçons en train de les observer. Les amants continuaient à danser, mais paraissaient de plus en plus petits, comme écrasés par les visages des trois jeunes voyeurs ». Le vice-Premier Ministre n’apprécia ni les voyeurs, ni la musique de « l’émigré planqué au fin fond de la Suisse capitaliste », et regretta que, pour le clou du spectacle, on ne montrât pas la ronde des atomes de la dernière usine électrique construite en avance sur les prévisions du Plan. Radok fut limogé. Forman remania le spectacle en supprimant la scène controversée. Cela n’empêcha pas qu’il fût à son tour limogé, pour n’être pas politiquement fiable après avoir beaucoup fréquenté le pavillon des Etats-Unis à l’Expo de Bruxelles. (1)

1965  : Elle est nue, assise au bord du lit, le dos couvert de la pénombre. Une lumière paisible découvre son profil. On imagine ses bras et ses mains, ultimes remparts collés contre son corps. Lui ne peut la voir tant qu’il n’a pas enlevé sa chemise, comme il ferait d’un pull-over. Il lui caresse l’épaule, puis les cheveux. Il est couché et tend son bras vers elle. Il caresse sa nuque, l’attire vers lui, elle se refuse ; il vient l’embrasser, elle résiste, il se retire ; « Eteins la lumière » murmure-t-elle, elle s’est à peine retournée. Il éteint, se redresse pour l’enlacer, elle désigne du regard la fenêtre. Il quitte le lit, elle se couche sur le côté, recroquevillée, mais, par-dessus son épaule, ose le regarder.