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UNE
AMERIQUE TROUBLEE
Distants de cinquante-cinq
années, Gabriel over the white house de Gregory La Cava et The second
Civil War de Joe Dante présentent tous deux un visage différent des
Etats-Unis. Il est intéressant d’associer les analyses de ces deux films méconnus,
sans pour autant exercer de comparaison, les deux films traitant l’un et l’autre
de sujets différents. Simplement, rétrospectivement, il apparaît que ces deux
« études » sont plus ou moins directement centrées sur la notion
de pouvoir et du trouble qu’il peut engendrer : l’un dans les mains d’un président
des Etats-Unis imaginaire, homme tourmenté, dont l’ambiguïté manifeste rejoint
les tourments de l’Amérique, l’autre, tout aussi implacable que pernicieux
car invisible, non incarné, mais que représenterait la place que l’image a
pris dans nos vies, (et pas uniquement aux Etats-Unis), nous en rendant la
plupart du temps dépendant, sans pour autant nous en rendre toujours compte.
Hammond tourmenté
Gabriel over the white house de Gregory La Cava
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Les spectateurs des festivals
de San Sebastian et de La Rochelle, puis ceux de la Cinémathèque
Française, ont découvert récemment l’œuvre de Gregory La Cava,
cinéaste américain des années 30-40, noyé en Europe
- et particulièrement en France - dans le flux des films américains
sortis dans l’immédiat après-guerre. Marginalisé dans son
propre pays parce que rebelle et foncièrement indépendant,
il était devenu tout simplement oublié. Pour les cinéphiles
des années 90, il représente l’une des pièces manquantes (avec
Mc Carey, Leisen) d’un certain âge d’or de la comédie américaine
que compléteraient Capra et Lubitsch. La méconnaissance du
cinéma de La Cava est peut-être aussi due au mélange des genres
pratiqué avec dextérité dans ses films, qui peut déconcerter,
à l’image de Primrose Path, où le mélodrame et le burlesque
s’enchevêtrent constamment. C’est enfin l’un des cinéastes
hollywoodiens qui sacrifient le moins aux traditions narratives
hollywoodiennes : pour ne citer qu’un exemple éloquent, l’histoire
d’amour entre deux protagonistes, quand elle existe, constitue
rarement un enjeu déterminant. On peut se référer à Stage
Door (Pension d’artistes) où la traditionnelle
intrigue amoureuse est éliminée, le cinéaste (et bien entendu
les scénaristes) préférant s’attarder sur les rivalités professionnelles
des jeunes comédiennes.
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