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EDWARD SCISSORHANDS
(Edward aux mains d’argent)

de Tim Burton
Par Bernard PAYEN


SYNOPSIS : Edward Scissorhands n`est pas un garçon ordinaire. Création d`un inventeur, il a reçu un cœur pour aimer, un cerveau pour comprendre. Mais son concepteur est mort avant d`avoir pu terminer son oeuvre et Edward se retrouve avec des lames de métal et des instruments tranchants en guise de doigts.

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LES CINQ PREMIERES MINUTES

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Edward aux mains d’argent est le quatrième long-métrage de Tim Burton, grand gamin de 38 ans devenu par ailleurs l’un des cinéastes américains actuels les plus passionnants, qui plus est ne se prenant absolument pas au sérieux. De Pee-Wees big adventure à Sleepy Hollow, Burton, en bon démiurge issu du monde de l’animation (il a débuté comme animateur des niaiseries des productions Disney) a toujours donné vie à de singulières personnalités, marginalisées par une société américaine hiératique et guindée. Ce serait trop simple de dire que le cinéaste ressemble à ses créatures, physiquement ou moralement, à limage de ce grand dadais de Pee Wee dans sa maison pleine de jouets, ou de cet Edward mélancolique en forme de sécateur, proche de Jack, le squelette désenchanté de The nightmare before Christmas. L’ambivalence des personnages burtoniens s’exprime le plus souvent par une inexorable maladresse qui les oblige à exercer le mal tout en voulant faire le bien : c’est Jack voulant organiser son propre Noël qui s’achève en fiasco épouvantant les enfants d’une banlieue proprette, c’est encore Edward Scissorhands, inconscient de son handicap qui lui fait croiser le fer à chaque fois qu’il tend la main.

Objectif Cinéma (c) D.R.

Derrière cette attention particulière à ses personnages, ses héros au grain de folie adouci par l’amertume propre aux laissés pour compte, se cache aussi bien une réflexion sur la normalité, la différence, l’altérité, et se profile enfin la question de la solitude de l’artiste, son désir d’indépendance, sa détermination à proposer une " vision du monde " qu’il souhaite avant tout faire partager. C'était l’un des aspects de Ed Wood, son avant-dernier film, ou la tentative émouvante de montrer notamment que la création, réussie ou non, passe avant tout par un enthousiasme aveugle et démesuré, une insouciance à faire fi des critiques les plus noires pour préserver un désir artistique personnel. Faire Ed Wood ou Edward aux mains d’argent, c'était avant tout montrer la résistance de l’artiste (l’artiste comme être naïf et désenchanté) contre le plus grand nombre, contre l’insignifiance ou la méchanceté. Pour conclure cette présentation trop brève et superficielle de l’univers de Tim Burton, il faut souligner la formidable capacité d’invention du cinéaste, la cohérence de son équipe technique (notamment par le travail effectué par Henry Selick pour le film d’animation l’étrange Noël de Mr Jack) et rappeler son association unique avec le compositeur Danny Elfman, depuis les débuts de Burton en 1985, qui culmina en 1994 avec la BO magique de Nightmare Before Christmas.