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Cette attitude du « tout
vériste » donne ainsi l’illusion d’un film qui évolue
comme un documentaire, et achoppe cependant face au « c’est
tout vu » du scénario qui entrave le sentiment d’immédiateté
nécessaire à ce type d’entreprise. Pour cette raison, les
acteurs en sont réduits à jouer des scènes éculées (Elodie
Bouchez fermant la porte à clé pour régler ses comptes avec
Natacha Regnier) que seul leur talent sauve du marasme. Comme
si le vérisme de Zonca se situait forcément en dehors des
sentiers battus (du cliché), sous prétexte de sa nature vériste.
Le symptôme le plus frappant de cette fausse vérité s’incarne
parfaitement dans la présence de l’appartement que les deux
filles investissent. Appartement bourgeois, il laisse la précarité
des deux filles aux mains des bavardages, l’image, elle, étant
curieusement absente de la représentation de la pauvreté,
de la galère [2]. Comme si, par un subterfuge de scénario
(l’appartement est vide mais ce n’est pas non plus un squat,
tout cela est parfaitement légal) le réalisateur évitait de
confronter ses héroïnes au caractère flottant de leur situation.
Il laisse traîner un arrière-goût ambigu : deux jeunes
bourgeoises jouant aux pauvres. Masson, en immergeant son
héroïne dans l’atmosphère des lieux sans attaches, rend bien
mieux compte de sa situation précaire. Zonca, lui, fait le
choix du cocon protecteur. Son film se voudrait une expression
de la vérité alors qu’il en refuse la teneur. A vendre
y parvient…avec des clichés.
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Ainsi, il est facile de
voir le cliché là où il y a de l’artifice (A vendre)
tandis qu’une attitude vériste laisse supposer qu’il n’y en
a pas. C’est oublier un peu vite que le cliché est dans un
cas, utilisé comme tel, avec franchise et lucidité, tandis
que dans l’autre il revêt les apparats d’un réel se voulant
plus vrai que nature (alors qu’il n’est qu’un nouvel académisme)
pour mieux cacher ce qui lui fait honte. A savoir sa nature
de cliché.
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1) Le plan américain,
classique des classiques du cinéma, cadrage moyen,
à mi cuisse.
2) Sinon de manière
superficielle et caricaturale : distribuer
des tracts en rollers dans un accoutrement ridicule…
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