Et dans sa relation finale
avec Sandii, au moment où il est tout seul avec ses
souvenirs au New Rose Hotel, X n’a qu’une seule et unique
préoccupation : celle de retrouver précisément
l’unique possibilité, c’est-à-dire ce qui s’est
réellement passé. Ainsi, l’unicité est
à l’ADN ce que le seul et exact souvenir est à
X et à Sandii.
Et si l’ADN duplique,
Sandii se définit par rapport à la duplicité,
puisqu’elle joue (au moins) double jeu. Elle répète
aussi, comme X, mais de façon différente. La
dernière partie du film, construite en flash-back,
montre et remontre les souvenirs de X. Il repasse le film
dans sa tête jusqu’à trouver la faille, tandis
que Sandii répétait afin qu’il n’y est aucune
erreur.
X connaît lui aussi
des troubles de l’identité. Il se prend pour Hiroshi,
et c’est Sandii qui dans la chambre d’hôtel insiste
sur le fait qu’elle se trouve bien avec X, et que Hiroshi
n’est que sur la bande vidéo qui défile alors
à ce moment là. Mais c’est par contre Sandii
qui le fera douter de son identité, à Vienne :
peut-il vraiment avoir des sentiments sincères envers
elle s’il l’a lui-même poussé à séduire
Hiroshi ? Est-ce qu’il l’aime ? Est-ce qu’il se
sert d’elle ? Les deux ?
New Rose Hotel se
présente également comme un film sur le manque.
Il manque au spectateur les séquences entre Sandii
et le Japonais. Il manque à X des éléments
pour comprendre. Comme il manquait une scène à
Matty dans The Black Out ?
Pas exactement. Cependant,
c’est par le manque qu’il est possible de faire le lien entre
les deux films. New Rose Hotel peut se définir
par le manque, mais un manque particulier. Car si les séquences
entre Sandii et Hiroshi sont absentes, elles ne manquent pas
réellement. Autant dans The Black Out, le manque
de Matty est bien réel, et correspond à un trou,
un trou de mémoire, un trou dans lequel il tombe ,
autant dans New Rose Hotel, les séquences ne
manquent qu’au spectateur. Sandii séduit X, mais le
spectateur ne s’en rend compte qu’à la fin. Pendant
tout ce temps, pendant en fait une bonne partie du film, il
attendait la rencontre entre Sandii et le Japonais. Ces séquences
existent pour X, même s’il ne peut que se les imaginer,
et elles se répètent pour Sandii, comme le comprend
alors le spectateur à la fin.
Elles se répètent
comme celles des flash-back. Elles se répètent
toujours de la même façon, comme le fait l’ADN,
mais avec à chaque fois un élément supplémentaire
dont se souvient X, et qui lance une nouvelle répétition.
X et Matty sont ceux qui
veulent se rappeler. Mais si Matty n’en avait pas les moyens
à lui tout seul, X les a. L’accès à la
connaissance ne procède pas de la même manière
pour les deux. Bien que dans les deux films, la vidéo
apporte des éléments de compréhension.
C’est la clé du mystère pour Matty, puisque
la scène manquante lui est dévoilée à
la fin par Mickey. Matty a besoin de ce support puisqu’il
ne peut pas faire confiance à ses souvenirs. X, lui,
le peut. Et c’est parce qu’il suppose ce qui a dû se
passer entre Sandii et le Japonais, ce que Sandii confirme
d’ailleurs lors du dialogue dans la chambre d’hôtel
de Vienne (alors que ce que suppose Matty est démenti
par Annie, qui affirme ne pas avoir couché avec d’autres
hommes), qu’il démêle ses souvenirs.
Pour X, tous les éléments
sont donc présents, il lui suffit juste de se les remémorer.
Ainsi, le procédé de la réminiscence
lui fait associer par analogie la carte à puce vue
sur la vidéo à celle découverte en fouillant
dans les affaires de Sandii. Il a d’ailleurs un comportement
inverse de celui de Sandii : s’il procède par
addition d’informations pour comprendre, Sandii a toujours
procédé par soustraction : elle cache des
éléments et ses véritables intentions.
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