Matrix, auréolé du parfum de la nouveauté, avait tout pour séduire : enfin des réalisateurs capables de créer le pendant cinématographique à la vague de romans cyberpunk dont William Gibson et son Neuromancien sont les fers de lance. La déception est à la mesure de l’attente.

LES SAUVEURS ATONES DU VIRTUEL

Matrix nous conte l’histoire d’un jeune homme (Neo) dont la vie bascule le jour ou il apprend que sa vie n’est qu’une illusion, qu’il est asservi par des machines qui le maintiennent dans cet état aveugle. Un groupe de résistants, persuadé qu’il est l’élu dont parle l’oracle, va se charger de lui en faire prendre conscience et l’amener à détruire la matrice. Pilule rouge, pilule bleue, soit tu restes dans le monde des illusions, soit tu affrontes l’horreur du réel et luttes avec nous. Évidemment il y a un traître, sans doute, pour nous, la figure la plus intéressante du film. Non que le personnage soit très fouillé ou le comédien très habile, disons qu’il pointe avec le plus d’évidence les raisons de l’échec du film. Ce personnage est en effet le seul chez qui résident de rares enjeux. Je dis « rares » car en fait d’enjeux, aucun n’est traité par les frères Wachowski. Par enjeux il faut comprendre « parti pris de mise en scène ».