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LEURRE
DE GLOIRE EN COULISSES
Quand la télévision ne nuit pas au cinéma,
elle en montre parfois les travers. Ainsi, du 26 mars au 16
avril 1999, le ciné-club de France 2 a proposé quatre films
révélant les coulisses du cinéma, américain en l’occurrence.
Quatre films pour retracer quatre destins de femmes :
The Goddess / La Divine (Cromwell, 1958), Inside
Daisy Clover (Mulligan, 1965), Frances (Clifford,
1989), A star is born (Cukor, 1954). Toutes les quatre
connaissent une ascension fulgurante jusqu'à l’apogée, mais
trois d’entre elles affrontent un succès au goût de non-retour.
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L’amour et la mort s’entrechoquent dans
ces quatre histoires pour donner lieu à une tension dramatique
nuancée selon chaque personnage. La peur et l’impossibilité
d’aimer tout d’abord représentent l’aspect le plus frappant :
dans La Divine, Kim Stanley feint d’aimer, dans Inside
Daisy Clover, Natalie Wood épouse un homosexuel qui lui
offre un faux mariage, dans Frances, Jessica Lange
vit une trahison sentimentale et passe à côté de l’histoire
sincère que veut lui offrir son ami d’enfance. Enfin, dans
A star is born, Judy Garland hésite à aimer James Mason,
puis se marie à lui et à la gloire qui l’empêche de le voir,
pour finalement le perdre quand celui-ci se suicide par noyade.
Mais ce sont certainement les scènes de solitude qui sont
les plus pertinentes, car les failles psychologiques des personnages
s’ouvrent sur des gouffres insoupçonnés. La douleur surgit
brusquement, notamment quand Kim Stanley se retrouve seule
dans sa trop vaste maison, quand Natalie Wood est prise de
panique dans la cabine de doublage, face à elle-même, quand
Jessica Lange divague sur son lit, à l’asile, et quand Judy
Garland avance seule sur la scène à la fin du film de Cukor.
Le métier d’acteur est cerné de solitude : dans un système
paradoxal, il met en avant l’image et l’être en retrait. Une
distanciation avec les autres et avec soi-même s’impose violemment
si on ne se protège pas de ses propres manques, car le travail
d’acteur ne permet pas de combler le manque, il permet de
jouer avec, afin de mieux le cerner, de l’apprivoiser peut-être,
pour être capable de l’affronter dans sa vie privée.
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