De court en long-métrage,
Laurent Achard continue détendre sa géographie sentimentale
en lieu et place de toute forme de psychologie lourdaude.
Une rivière prés de laquelle on pique-nique un dimanche, où
dans laquelle on règle ses comptes amoureux lors d’une compétition
de natation, une maison qu’on offre à une maîtresse en guise
de témoignage amoureux, un appentis d’ouvrier, une conserverie
inaugurée : tous ces lieux ont leur existence propre et possèdent
une signification au cœur même de l’intrigue. s
Dans ce cadre campagnard,
le cinéaste développe son art de la litote gorgée de fiel
ou d’amour. Il étoffe son cadre familial qui nous est désormais
familier, en le nuançant toutefois. Le père mollasson et maladif
d’une odeur de géranium devient un alcoolique prompt à la
sieste, tout en restant attachant, la mère, soucieuse de ses
conserves, accompagne davantage qu’elle ne déclenche les tourments
annoncés. La sœur Françoise, devra choisir entre Bernard le
cousin ironique et violent et Karim, qui travaille au noir
pour sa famille. Ces deux derniers, présents dans une odeur
de géranium, trouvent leur rôle étoffé : Bernard existe
désormais à l’image alors qu’il n’était dans une odeur de
géranium qu’une simple signature accompagnant une bague offerte
- cadeau déjà significatif dont l’histoire est développée
dans le long-métrage - et Karim n’est plus seulement l’étranger
à qui la mère offrait le café au petit matin, mais le rival
fort en natation, fragile par la précarité de sa situation
professionnelle ; il est l’ami de la famille, l’homme qui
tombe à pic pour sauver les jeunes femmes dénudées et mettre
en déroute les adolescents voyeurs. Comme Sonia, il est l’un
des personnages déclencheurs de conflits, ces explosions dont
Achard ne montre que la surface des bouillonnements, à l’image
de cette maison en flammes à l’horizon d’une belle journée
finissante. Reste Julien, l’œil du doux cyclone familial,
celui qui observe et se tait. Celui qu’on ne croit pas quand
il énonce soudain la vérité. On guette la présence de l’enfant
dans tous les films de Laurent Achard. Car on sait qu’elle
n’est jamais vaine, qu’elle nous aide à entrer imperceptiblement
dans son imaginaire artistique. A demi-nu, en culotte blanche,
petit porteur de mystères, ange mélancolique aux yeux curieux
du cinéaste en devenir, l’enfant s’avance au milieu des ombres,
dans la rivière.
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Titre : Plus
qu'hier, moins que demain
Réalisation :
Laurent Achard
Acteurs : Pascal Cervo,
Mireille Roussel, Martin Mihelich, Laetitia Legrix,
Lily Boulogne
Durée : 1h 26mn
Pays : France
Année : 1998
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1994 Dimanche ou
les Fantômes avec Julien Rivièrez
1998 Plus qu'hier,
moins que demain avec Pascal Cervo
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