 |
|
|
|
" Ils n'ont même
pas l'air heureux d'être ici " dénote avec
lucidité Reuben, le jeune frère de Joshua, à
propos des animaux captifs d'un musée aquariophile.
Derrière la vitre, il contemple les bêtes de
son œil zoologiste. Transposition: ces serpents agressifs
qui ne peuvent s'échapper de leur univers carcéral
sont le contrepoint des personnages de Little Odessa.
Derrière la vitre, il contemple les hommes de son œil
anthropologiste, incarnant la focalisation définie
plus haut. Il aperçoit sa mère agoniser dans
l'entrebâillement d'une porte, surprend son père
lutiner sa maîtresse dans la rue, son frère tuer
dans une friche industrielle. L'innocence sacrifiée
sur l'autel de la malsaine oscillation fraternelle. Joshua
est sans cesse clivé entre deux cultures et erre en
cela dans un no man's land peuplé par défaut
de la violence quotidienne. A propos de Reuben, il dira qu'
"il est intelligent... c'est un américain". Hors
de ce clivage culturel et relais spectatoriel dans la fiction,
l’œil de Reuben voit évoluer ses écœurants parents
diégétiques tel un Homunculus faustien: il les
surplombe d'une intelligente distance, mais demeure idéalement
placé pour recueillir une balle perdue...
L'ange déchu, poussé par la fatalité
sur les lieux de son passé, réalise froidement
son Œdipe, mais entraîne la mort de celui qu'il aime
et qui l'aime. Sombre dénouement, sensément
tragique, que présageait la violence sourde qui peuple
le film et dont le cancer de la mère mime l'insidieuse
trajectoire. Loin de la fascination chorégraphiée
et de la réception sensorielle et sensationnelle du
mouvement guerrier, Gray filme une violence sèche,
brute, anti-esthétisée. Rapidité réaliste
des meurtres et froideur animale de leurs auteurs, aux antipodes
de la fétichisation romantique du montage-ballet cher
à John Woo. Un traitement aseptisé qui décuple
la profondeur de teinte de ce film noir, repeint en blanc
par une morale mythologique que cristallise chaque flocon
de cette neige urbaine et néanmoins éternelle.
Contraste sans cesse assumé et thématisé
: le sang d'un innocent a coulé sur le bitume glacial
de Little Odessa.
 |
|
2000 The Yards
avec Faye Dunaway, James Caan
1994
Little Odessa avec Tim Roth, Edward Furlong
|
|
 |
|
... des films avec
la Fnac
Titre :
Little Odessa
Réalisateur :
James Gray
Scénariste :
James Gray
Images :
Tom Richmond
Interprètes :
Tim Roth, Edward Furlong, Moira Kelly, Vanessa
Redgrave, Paul Guilfoyle, Natalya Andreychenko,
Maximilian Schell, David Vadim, Mina Bern, Boris
McGiver, Mohammed Ghaffari, Mikhail Khumrov, Dmitry
Preyers, David Ross, Ron Brice, Jace Kent, Marianna
Lead, Gene Ruffini
Musique originale :
Dana Sano
Langue :
anglais, français
Editeur
: Opening
Durée :
98 minutes
|
|
|