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LE FILM-SAMOURAI
Un genre à quatre tranchant
Par Cyril JOHANNEAU

Les films de samouraïs, un genre, certes codifié mais moins simple (et simpliste) qu’il n’y paraît. De Rashomon d’Akira Kurosawa (1950) à l’ultime épisode de la saga Baby Cart (1975) : présentation d’un éventail datant de l’après deuxième guerre mondiale ; période déterminante pour la connaissance du cinéma japonais, puisque, historiquement, c’est Rashomon qui lui ouvrit le marché mondial.

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Déterminante aussi pour le film-samouraï, dans la mesure où ce genre est alors complètement recodifié dans une perspective de réinterprétation de l’histoire du Japon. Le genre, en tant que tel, appartient à la catégorie des jidai-geki, films d’époque ou à costumes (film-kimono, dirions-nous), distincte de celle des gendai-geki, films contemporains. Mais dire cela, et seulement cela nous cantonnerait à une démarche simpliste et réductrice. En effet, le film-samouraï tel qu’il s’épanouit après les années cinquante n’a plus grand chose à voir avec les avatars de la production d’avant la Guerre du Pacifique. Pendant les années trente, les films de sabre étaient de loin les plus populaires au Japon. Or, les différents types d’œuvre s’articulaient autour de la norme : ceux qui la suivaient et ceux qui s’en éloignaient. La norme en question voulait que l’on brossât le portrait d’un héros pur et dur, évoluant dans un contexte peu ou pas réaliste à la théâtralité omniprésente. Le premier cinéaste à avoir fait voler ces codes en éclats fut Daisuke Ito. Préoccupé de réalisme, il préfigura l’anti-héros dans un contexte de critique sociale peu familier au jidai-geki, jusqu’à ce que l’on a appelé son “ nihilisme ”. Ainsi, il introduisit le samouraï ou ronin révolté contre une société féodale injuste et reposant sur une hiérarchie contestée : les ancêtres des héros de Kurosawa ou de Kobayashi, en somme.

Une telle popularité ne devait pas perdurer après la guerre. L’armée d’occupation (S.C.A.P. : Supreme Commander for the Allied Power) publia une liste de régulation des films qui semblait éliminer la possibilité de faire des films-samouraï. Elle interdit, par exemple, les films “favorisant ou approuvant la loyauté féodale et l’approbation directe ou indirecte du suicide”. Le S.C.A.P. interdit ainsi la diffusion de La légende du Grand Judo (1943) de Kurosawa… Sous de telles auspices, le samouraï avait peu de chances de prospérer.