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DRACULA
de Francis Ford Coppola

WOLF

de Mike Nichols

MARY REILLY

de Stephen Frears
Par François-Xavier LACAILLE


LES MYTHES A L'ECRAN

Dans son perpétuel recyclage d'idées, Hollywood s'est récemment lancé dans le dépoussiérage des classiques de l'épouvante. Stars et budgets conséquents furent ainsi consacrés à des histoires qui étaient l'apanage des séries B et Z dans les années 50 et 60.

  Objectif Cinéma (c) D.R.

Entre les films de monstres adaptés à l'esprit des 90's (Jurassik parc, Anaconda, Godzilla) et les nouvelles invasions martiennes (Independance day, Mars attacks !, Starship troopers) quatre mythes de la littérature fantastique ont fait l'objet d'un remake. Bram Stocker's Dracula de Francis Ford Coppola, Mary Shelley's Frankenstein de Kenneth Branagh, Wolf de Mike Nichols et Mary Reilly de Stephen Frears illustrent les stratégies de cinéastes reconnus pour intégrer le cinéma de genre. Cet exercice, souvent périlleux, révèle parfois la richesse du monde intérieur d'un réalisateur et sa croyance dans la puissance du cinéma. Mais comment aborder un mythe sans répéter les versions existantes ? Deux points me semblent à respecter pour y parvenir : faire évoluer le matériau de départ et respecter le genre.

Célébré par une critique quasiment unanime et gros pourvoyeur de spectateurs dans les salles, le Dracula de Coppola échoue pourtant à réactualiser l'une des plus puissantes légendes du siècle passé. Absorbé par l'esthétique de son film et sa dette envers les oeuvres antérieures, le réalisateur d'Apocalypse now et ses collaborateurs soignent une image et des décors somptueux tout en multipliant les allusions aux oeuvres de référence (Gary Oldman sort de son tombeau comme Nosferatu). Mais l'écrin se révèle rapidement vide puisque le film ne répond pas aux deux priorités citées plus haut.

Objectif Cinéma (c) D.R.

Tout d'abord, ce Dracula ne fait pas peur et provoque bien peu de trouble. Il est d'ailleurs clair que là n'était pas la priorité de Coppola. Dans un article des Cahiers du cinéma, on a pu lire que chaque film était pour Coppola le moyen d'explorer un élément précis et de se concentrer dessus. Il semble que pour celui-ci il se soit presque exclusivement concentré sur le visuel. Son talent de plasticien, ainsi que celui de son chef opérateur Michael Balhaus, permettent de créer une atmosphère oppressante. La première partie (la visite de Jonathan Harker chez le comte) est ainsi très réussie et, grâce à un montage brillant, empreinte d'un certain malaise. Ce malaise sera malheureusement de courte durée et la suite donne l'impression que le cinéaste se désintéresse progressivement de ce qu'il raconte.