LES MYTHES A L'ECRAN
Dans son perpétuel recyclage d'idées, Hollywood s'est
récemment lancé dans le dépoussiérage des classiques de l'épouvante.
Stars et budgets conséquents furent ainsi consacrés à des
histoires qui étaient l'apanage des séries B et Z dans les
années 50 et 60.
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Entre les films de monstres adaptés à l'esprit
des 90's (Jurassik parc, Anaconda, Godzilla)
et les nouvelles invasions martiennes (Independance day,
Mars attacks !, Starship troopers) quatre
mythes de la littérature fantastique ont fait l'objet d'un
remake. Bram Stocker's Dracula de Francis Ford Coppola,
Mary Shelley's Frankenstein de Kenneth Branagh, Wolf
de Mike Nichols et Mary Reilly de Stephen Frears
illustrent les stratégies de cinéastes reconnus pour intégrer
le cinéma de genre. Cet exercice, souvent périlleux, révèle
parfois la richesse du monde intérieur d'un réalisateur et
sa croyance dans la puissance du cinéma. Mais comment aborder
un mythe sans répéter les versions existantes ? Deux points
me semblent à respecter pour y parvenir : faire évoluer le
matériau de départ et respecter le genre.
Célébré par une critique quasiment unanime et gros pourvoyeur de spectateurs
dans les salles, le Dracula de Coppola échoue pourtant à réactualiser
l'une des plus puissantes légendes du siècle passé. Absorbé par l'esthétique
de son film et sa dette envers les oeuvres antérieures, le réalisateur d'Apocalypse
now et ses collaborateurs soignent une image et des décors somptueux tout
en multipliant les allusions aux oeuvres de référence (Gary Oldman sort de
son tombeau comme Nosferatu). Mais l'écrin se révèle rapidement vide
puisque le film ne répond pas aux deux priorités citées plus haut.
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Tout d'abord, ce Dracula ne fait
pas peur et provoque bien peu de trouble. Il est d'ailleurs
clair que là n'était pas la priorité de Coppola. Dans un article
des Cahiers du cinéma, on a pu lire que chaque film
était pour Coppola le moyen d'explorer un élément précis et
de se concentrer dessus. Il semble que pour celui-ci il se
soit presque exclusivement concentré sur le visuel. Son talent
de plasticien, ainsi que celui de son chef opérateur Michael
Balhaus, permettent de créer une atmosphère oppressante. La
première partie (la visite de Jonathan Harker chez le comte)
est ainsi très réussie et, grâce à un montage brillant, empreinte
d'un certain malaise. Ce malaise sera malheureusement de courte
durée et la suite donne l'impression que le cinéaste se désintéresse
progressivement de ce qu'il raconte.
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