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PACTE DES LOUPS
de Christophe Gans
Par Sébastien BENEDICT


SYNOPSIS : Le Gévaudan vit sous la terreur d'une bête. Depuis deux ans, les crimes se multiplient, uniquement des femmes et des enfants. Est-ce un loup, un dragon, le Diable lui-même ? Le mystère est entier. Pour le dissiper, Louis XV envoie le chevalier Grégoire de Fronsac. Sur place, l'homme, accompagné de son frère de sang, l'Indien Mani, va traquer la bête pour en faire le portrait et qui sait la naturaliser après capture. Les recherches sont difficiles, la bête est imprévisible. Entre deux chasses, le chevalier fait la connaissance de la famille De Morangias, la plus influente du pays dont Marianne et son frère, d'une intrigante prostituée. La quête de De Fronsac s'annonce plus difficile que prévue...



A LA RECHERCHE DU PHOTOGRAMME

Objectif Cinéma (c) D.R.

Il y a quelque chose de Truffaut dans le film de Christophe Gans. On se souvient des 400 coups, de Doinel et son copain Lachenay, volant des photos d'exploitation à la devanture d'un cinéma. On se souvient de Godard rêvant les films qu'il n'avait pas vu, et l'on songe à la puissance des photogrammes, sortis de leur contexte, des morceaux épars d'une pellicule invisible, placés là au gré des regards. Parmi eux, il y aura sûrement celui d'un enfant, un Truffaut ou un Gans. Devant une photo, le hors-champ n'est plus dirigé par la mise en scène. Il invoque alors toutes les puissances du rêve, il est le royaume inviolable d'un désir de cinéma. L'enfant devient metteur en scène. Le Pacte des Loups est tout entier construit sur cette recherche de l'émerveillement premier, du photogramme.

Bien au-delà de l'exercice des citations, plus ou moins soulignées et le plus souvent tapies dans un détail, un choix de casting, le film inscrit sa volonté d'en repasser par l'origine à travers son mouvement. Cocteau nous mettait en garde au début du Sang d'un poète : « Tout poème est un blason, il faut le déchiffrer ». Autrement dit, le cinéma serait un tombeau, le lieu d'une épitaphe qui serait l'image, placée sous le signe du hiéroglyphe. L'écriture cinématographique, c'est la voix des morts qu'il faut veiller à l'instar de Julien Davenne dans La Chambre verte ; où l'on retrouve Truffaut : la photo en devanture du cinéma, c'est l'appel de la salle où reposent à jamais les mythes organisés par quelque grand imagier.