SYNOPSIS : A
l’aube de l’humanité, un mystérieux monolithe
apparaît au milieu des primates. Plusieurs milliers d’années
plus tard, il réapparaît sur la lune Clavius où
les terriens ont construit une base spatiale. Une équipe
d’astronautes est envoyée vers Jupiter afin de percer
le mystère d’un étrange signal qui est vraisemblablement
lié au monolithe. A bord du vaisseau où la majorité
de l’équipage est en sommeil artificiel, seuls deux hommes
et un puissant ordinateur (Hal) se partagent la responsabilité
de ce long voyage vers l’inconnu. Tout se passe pour le mieux
jusqu’au moment où Hal décide que le facteur humain
n’est pas assez fiable pour la mission qui leur a été
confiée. |
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QUATRE PETITS TOURS ET PUIS S’EN VONT
Que signifie 2001 ? L'espace compris entre le zéro
et le un (les deux zéro), sont deux boucles à
l'espace défini et renouvelable à volonté
: la naissance et la mort. Le deux et le un sont le cadre
de ces deux phénomènes si courant et si fascinant
à la fois. Ces deux chiffres, c'est l'ordinateur HAL
9000, un Grand horloger du temps pour les philosophes, un
Dieu pour les métaphysiciens. Pourquoi Kubrick a-t-il
ainsi prénommé son film ? Outre les élucubrations
et les fantasmes de l'époque (le film est sorti en
1968), l'an 2000 était plus considéré
comme un fantasme que 2001. 2000 était l'année
des conquêtes de l'espace, des voitures volantes, de
la télépathie. Mais 2001, c'est beaucoup plus,
c'est un pas en avant dans la galaxie. Kubrick ne s'était
pas trompé lorsqu'il a tourné son film, les
hommes sont bien partis à la conquête de l'espace,
mais sans eux. Une machine s'est envolée il y a quelques
années pour Jupiter, seul, sans le moindre habitant,
pour sonder la planète. A quoi bon, dirait Stanley,
aujourd'hui, puisqu'on revient toujours au point de départ
de notre univers. Nos questions tournent en rond autour de
réponses qui n'existent pas : Le cercle est le moteur
principal de 2001, l'odyssée de l'espace.
SAVOIR FILMER UN OEIL
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Le cercle, c'est d'abord l’œil du
réalisateur, prolongé par celui de la caméra.
L’œil filmé devient sa propre réflexion dans
l'objectif, et se projette à l'infini, comme deux miroirs
l'un en face de l'autre. L'infini devient donc concret et
abstrait : concret car l’œil se réfléchit dans
l'autre, abstrait car la réflexion ne s'arrête
jamais, sauf si la lumière disparaît. Filmer
un œil c'est aussi ne plus rien voir, être plongé
dans le noir d'une salle de cinéma pour ne plus entendre
que Zarathoustra parlait ainsi, se rendre compte de l'existence
et de la fragilité de notre œil. L'infini est alors
plus profond qu'il n'a été à ce moment
là (paradoxe parce qu'un infini n'a pas de fond), car
il faut une limite à l’œil pour que l'on en comprenne
la notion d'infini. C'est aussi son propre œil que l'on voit
et celui d'un autre. Ce n'est pas pour rien que Kubrick filme
Frank, le seul rescapé du vaisseau, à différents
points de sa vie, car l’œil est le seul organe qui, en apparence,
ne se délabre pas au cours d'une vie humaine (à
l'inverse de la peau ou d¹autres organes internes et externes...)
L’œil est indestructible, il accompagne la naissance, la mort
et les ellipses, mais il est aussi preuve du renouvellement
par sa circularité. C'est pourquoi l’œil que l'ont
voit et que filme le réalisateur est aussi l’œil reflété
par l'objectif par lequel passe l’œil du réalisateur
: c'est la transmission d'un message visuel d’œil à
œil : transmission cinématographique d'une hypothèse
philosophique ayant pour base une formule simple : la circularité
infinie.
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