Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     

 

 

 

 

 
2001 : L'Odyssée de l'espace (c) D.R. 2001
L’ODYSSEE DE L’ESPACE

de Stanley Kubrick
Par Olivier DILAIN


SYNOPSIS : A l’aube de l’humanité, un mystérieux monolithe apparaît au milieu des primates. Plusieurs milliers d’années plus tard, il réapparaît sur la lune Clavius où les terriens ont construit une base spatiale. Une équipe d’astronautes est envoyée vers Jupiter afin de percer le mystère d’un étrange signal qui est vraisemblablement lié au monolithe. A bord du vaisseau où la majorité de l’équipage est en sommeil artificiel, seuls deux hommes et un puissant ordinateur (Hal) se partagent la responsabilité de ce long voyage vers l’inconnu. Tout se passe pour le mieux jusqu’au moment où Hal décide que le facteur humain n’est pas assez fiable pour la mission qui leur a été confiée.

....................................................................

QUATRE PETITS TOURS ET PUIS S’EN VONT

Que signifie 2001 ? L'espace compris entre le zéro et le un (les deux zéro), sont deux boucles à l'espace défini et renouvelable à volonté : la naissance et la mort. Le deux et le un sont le cadre de ces deux phénomènes si courant et si fascinant à la fois. Ces deux chiffres, c'est l'ordinateur HAL 9000, un Grand horloger du temps pour les philosophes, un Dieu pour les métaphysiciens. Pourquoi Kubrick a-t-il ainsi prénommé son film ? Outre les élucubrations et les fantasmes de l'époque (le film est sorti en 1968), l'an 2000 était plus considéré comme un fantasme que 2001. 2000 était l'année des conquêtes de l'espace, des voitures volantes, de la télépathie. Mais 2001, c'est beaucoup plus, c'est un pas en avant dans la galaxie. Kubrick ne s'était pas trompé lorsqu'il a tourné son film, les hommes sont bien partis à la conquête de l'espace, mais sans eux. Une machine s'est envolée il y a quelques années pour Jupiter, seul, sans le moindre habitant, pour sonder la planète. A quoi bon, dirait Stanley, aujourd'hui, puisqu'on revient toujours au point de départ de notre univers. Nos questions tournent en rond autour de réponses qui n'existent pas : Le cercle est le moteur principal de 2001, l'odyssée de l'espace.


SAVOIR FILMER UN OEIL


  2001 : L'Odyssée de l'espace (c) D.R.

Le cercle, c'est d'abord l’œil du réalisateur, prolongé par celui de la caméra. L’œil filmé devient sa propre réflexion dans l'objectif, et se projette à l'infini, comme deux miroirs l'un en face de l'autre. L'infini devient donc concret et abstrait : concret car l’œil se réfléchit dans l'autre, abstrait car la réflexion ne s'arrête jamais, sauf si la lumière disparaît. Filmer un œil c'est aussi ne plus rien voir, être plongé dans le noir d'une salle de cinéma pour ne plus entendre que Zarathoustra parlait ainsi, se rendre compte de l'existence et de la fragilité de notre œil. L'infini est alors plus profond qu'il n'a été à ce moment là (paradoxe parce qu'un infini n'a pas de fond), car il faut une limite à l’œil pour que l'on en comprenne la notion d'infini. C'est aussi son propre œil que l'on voit et celui d'un autre. Ce n'est pas pour rien que Kubrick filme Frank, le seul rescapé du vaisseau, à différents points de sa vie, car l’œil est le seul organe qui, en apparence, ne se délabre pas au cours d'une vie humaine (à l'inverse de la peau ou d¹autres organes internes et externes...) L’œil est indestructible, il accompagne la naissance, la mort et les ellipses, mais il est aussi preuve du renouvellement par sa circularité. C'est pourquoi l’œil que l'ont voit et que filme le réalisateur est aussi l’œil reflété par l'objectif par lequel passe l’œil du réalisateur : c'est la transmission d'un message visuel d’œil à œil : transmission cinématographique d'une hypothèse philosophique ayant pour base une formule simple : la circularité infinie.