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La Ligne rouge (c) D.R. LA LIGNE ROUGE
de Terence Malick
Par Marc LEPOIVRE



SYNOPSIS : L'histoire d'un groupe d'hommes de l'armée américaine, du nom de Charlie Company, qui changeront, souffriront et découvriront en bout de ligne des facettes inconnues d'eux-même durant la violente bataille de Guadalcanal de la Deuxième Guerre Mondiale. Suivant leurs périples, du débarquement sans opposition, durant les batailles sanglantes qui en suivirent, jusqu'au départ de ceux qui en sortiront vivants. Explorant les liens qui se développent et unissent les soldats sous la menace constante d'être attaqués, et découvrant leurs vraies aspirations. Ils se sont battus pour leur vie et celle de l'homme à côté d'eux.

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LA DISCORDE ET L'HARMONIE


  La Ligne rouge (c) D.R.

Après le mémorable Days of Heaven et vingt ans de silence, Terence Malick signe en 1998 un retour attendu, entouré d'un halo de mystère, avec The Thin Red Line, film événement par son ambition, son ampleur, sa pléiade de stars, film de guerre complètement atypique par son coté contemplatif. En effet, Malick ne renonce pas à cette veine philosophico-poétique qui est la sienne, fort rare dans une superproduction hollywoodienne, et nous livre une oeuvre singulière et impressionnante, romantique et nourrie de culture, renvoyant à un certain courant de la littérature américaine et de la philosophie. Car en vérité, Malick ne cache pas la portée métaphysique de son propos; il préfère dépasser les données contingentes, historiques de la fameuse bataille de Guadalcanal pour aborder la guerre dans son être-même en tant qu'elle implique un véritable être-au-monde et aussi en tant qu'elle constitue un des grands mystères de l'existence et de l'humanité, en posant le problème du mal.

En première instance, il semble que Malick ait trouvé dans le film de guerre, tel que le récit de James Jones lui en fournissait la matière, un genre lui permettant de traiter son thème de prédilection: le rapport à la Nature (ou au cosmos). L'île de Guadalcanal est clairement filmée comme un lieu idyllique, aux airs de jardin d'Eden, où les autochtones, loin de l'affrontement entre américains et japonais, vivent en harmonie avec le monde; un monde d'avant la chute, baignant le film ( et ce qui s'y joue: la guerre) dans la lumière d'un matin des origines. Et l'on sent, chez Malick, l'intention naïve et première de filmer simplement la beauté du monde, d'en témoigner, sans tricher, sans rien recréer artificiellement. De là cette impression de chant, de célébration du monde.

C'est dire le caractère contemplatif du film, qui procède de façon poétique, s'arrêtant sur des éléments de pure beauté qui suspendent le cours du récit : travellings aériens et envoûtants au raz des herbes, ralentis, superbe composition plastique des plans, images fugitives de pure beauté picturale ( l'image d'un soldat qui craque une allumette dans une tante, éclairée comme un tableau de Georges de la Tour), musique planante et orchestrale de Hans Zimmer.