SYNOPSIS : L'histoire
d'un groupe d'hommes de l'armée américaine, du
nom de Charlie Company, qui changeront, souffriront et découvriront
en bout de ligne des facettes inconnues d'eux-même durant
la violente bataille de Guadalcanal de la Deuxième Guerre
Mondiale. Suivant leurs périples, du débarquement
sans opposition, durant les batailles sanglantes qui en suivirent,
jusqu'au départ de ceux qui en sortiront vivants. Explorant
les liens qui se développent et unissent les soldats
sous la menace constante d'être attaqués, et découvrant
leurs vraies aspirations. Ils se sont battus pour leur vie et
celle de l'homme à côté d'eux. |
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LA DISCORDE ET L'HARMONIE
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Après le mémorable
Days of Heaven et vingt ans de silence, Terence Malick
signe en 1998 un retour attendu, entouré d'un halo
de mystère, avec The Thin Red Line, film événement
par son ambition, son ampleur, sa pléiade de stars,
film de guerre complètement atypique par son coté
contemplatif. En effet, Malick ne renonce pas à cette
veine philosophico-poétique qui est la sienne, fort
rare dans une superproduction hollywoodienne, et nous livre
une oeuvre singulière et impressionnante, romantique
et nourrie de culture, renvoyant à un certain courant
de la littérature américaine et de la philosophie.
Car en vérité, Malick ne cache pas la portée
métaphysique de son propos; il préfère
dépasser les données contingentes, historiques
de la fameuse bataille de Guadalcanal pour aborder la guerre
dans son être-même en tant qu'elle implique un
véritable être-au-monde et aussi en tant qu'elle
constitue un des grands mystères de l'existence et
de l'humanité, en posant le problème du mal.
En première instance, il semble que Malick ait trouvé
dans le film de guerre, tel que le récit de James Jones
lui en fournissait la matière, un genre lui permettant
de traiter son thème de prédilection: le rapport
à la Nature (ou au cosmos). L'île de Guadalcanal
est clairement filmée comme un lieu idyllique, aux
airs de jardin d'Eden, où les autochtones, loin de
l'affrontement entre américains et japonais, vivent
en harmonie avec le monde; un monde d'avant la chute, baignant
le film ( et ce qui s'y joue: la guerre) dans la lumière
d'un matin des origines. Et l'on sent, chez Malick, l'intention
naïve et première de filmer simplement la beauté
du monde, d'en témoigner, sans tricher, sans rien recréer
artificiellement. De là cette impression de chant,
de célébration du monde.
C'est dire le caractère contemplatif du film, qui procède
de façon poétique, s'arrêtant sur des
éléments de pure beauté qui suspendent
le cours du récit : travellings aériens et envoûtants
au raz des herbes, ralentis, superbe composition plastique
des plans, images fugitives de pure beauté picturale
( l'image d'un soldat qui craque une allumette dans une tante,
éclairée comme un tableau de Georges de la Tour),
musique planante et orchestrale de Hans Zimmer.
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