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Cette folie-là explique
la formidable cohérence du film : il y a une fascinante
corrélation entre le sujet et la forme, entre la folie
du personnage et celle du réalisateur. Mais bien plus,
c’est la capacité d’Abel Gance à nous ramener
dans son cercle qui marque le spectateur. Napoléon,
de ce point de vue, est un monde d’illusions qui nous fait
perdre tout repère. Ainsi, le montage participe de
cette volonté d’abolir les frontières et l’usage
de plans séquences extrêmement brefs conduit
à brouiller totalement le temps cinématographique
qui, d’une manière évidente, se confond avec
le temps musical. De la même manière, le travail
de superpositions d’images s’apparente plus à un procédé
compositionnel qu’à un simple travail de montage :
là aussi, la somme des éléments en jeu
devient un objet singulier qui échappe à une
pure logique arithmétique.
Dans ce délire puissant, la musique acquiert une force
particulière. De ce point de vue, Marius Constant a
opéré un choix plus que judicieux en mixant
les grandes pages symphoniques d’Arthur Honegger avec l’œuvre
d’origine. La démesure du propos de Gance trouve ainsi
un exact reflet dans la masse orchestrale. Mais plus encore,
cette musique participe au brouillage temporel par sa propre
logique discursive, tout en marquant de façon obstinée
la dimension épique d’une œuvre qui cherche son salut
dans un délire de toute puissance.
Dès lors, les spectateurs
se trouvent en face d’un objet difficile à identifier,
un monstre hybride quelque part entre opéra et cinéma,
une sorte d’oratorio qui aurait substitué aux paroles
un monde d’images. De ce point de vue, un écran plus
large aurait été nécessaire, tout comme
l’escamotage des instrumentistes dans quelque fosse d’orchestre.
Mais cette réserve technique pèse peu face au
travail réalisé par les musiciens et leur chef
Laurent Petitgirard. Malgré la difficulté liée
aux impératifs du genre (notamment les problèmes
de timing), l’orchestre trouve une liberté rare dans
l’ensemble du programme à l’instar des passages improvisés
par le pianiste Jean-François Zygel et l’organiste
Thierry Escaïch.
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Napoléon d’Abel
Gance fut projeté les 8 et 9 mai 2001 au
Forum Grimaldi dans le cadre du Printemps des Arts
Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo dirigé
par Laurent Petitgirard avec Jean-François
Zygel au piano et Thierry Escaïch à
l’orgue.
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1967 Valmy avec Jean Chérasse
1965 Marie Tudor
avec Colette Berge, Pierre Massimi
1964 Cyrano et d'Artagnan
avec Michel Simon, José Ferrer
1960 Austerlitz
avec Pierre Mondy, Jean Marais
1955 La Tour de Nesle
1942 Le Capitaine
Fracasse avec Roland Toutain, Alice Tissot
1940 La Venus aveugle
1939 Le Paradis perdu
avec Micheline Presle, Jane Marken
1939 Louise
1937 Le Voleur de
femmes avec Jules Berry, Blanchette Brunoy
1937 J'accuse
avec Line Noro, Victor Francen
1936 Un grand amour
de Beethoven avec J.0 Debucourt, J.-L. Barrault
1935 Le Roman d'un
jeune homme pauvre avec P. Fresnay, G. Dubosc
1935 Napoleon Bonaparte
1935 Lucrece Borgia
avec Edwige Feuillere, Josette Day
1935 Jérôme
Perreau avec Robert Le Vigan, Abel Tarride
1934 Poliche
avec Pierre Larquey, Marie Bell
1932 Mater Dolorosa
avec Antonin Artaud, Line Noro
1923 La Roue
avec Severin Mars, Ivy Close
1923 Au secours !
avec Jean Toulout, Max Linder
1918 J'accuse
avec Mme Decori, Romuald Joube
1918 Ecce homo
1917 Mater dolorosa
avec Gaston Modot, Paul Vermoyal
1917 Le Droit à
la vie avec Leon Mathot, Paul Vermoyal
1917 La Dixième
Symphonie avec Andre Lefaur, Jean Toulout
1916 Les Gaz mortels
Brouillard sur la ville avec L. Mathot, C.
Keppens
1916 La Folie du
docteur Tube avec Albert Dieudonne
1916 Barberousse
1916 Le Fou de la
falaise
1911 La Digue, ou
pour sauver la Hollande
1912 Le Nègre
blanc / le Masque d'horreur
1914 Un Drame au
château d'Acre
1915 La Folie du
Docteur Tube
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