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Là où le
film tient sa pleine dimension, c’est quand il s’applique
à montrer une société étouffante
où le mal semble se cacher sous le vernis des apparences
(on ne cesse de penser à Philip K.Dick, et à
son Radio Free Albemuth, décrivant un monde-
simulacre accoucheur de dictateurs et de monde totalitaire).
Mais aussi quand il s’attache à son héros, nous
le montrant à la fois fragile et inquiétant
(avec ce regard emprunté au Alex d’Orange Mécanique).
Le réalisateur sait jouer des climats, faisant alterner
l’angoisse et la comédie, le réalisme et le
fantastique. Il plante un décor rapidement, maîtrisant
les espaces et les situations. L’entrée dans le collège
est à cet égard magnifique : assumant un
ralenti sur-exploité au cinéma, Kelly présente
en peu de plans l’ensemble des protagonistes sur la très
nostalgique musique des Tears for Fears. Mais c’est
surtout par son personnage principal que le film se construit.
Donnie Darko se sacrifie pour tous en parvenant au sens de
l’infini, voyageur dans " le canal de dieu ".
Sa sortie hors du monde réussira, grâce à
un réacteur d’avion qui s’écrase sur sa chambre
au début du film, mais aussi à la fin. Le film
est ainsi construit comme une boucle, décrivant deux
possibilités d’univers avec des événements
différents. Dans un de ces univers, Donnie échappe
à l’accident, mais pas dans l’autre. La construction
tortueuse du scénario rappelle celle de quelques films,
comme Lost Highway et Mulholland Drive ;
mais c’est plutôt au principe de linéarité
démentie qui est à la base par exemple de L’Echelle
de Jacob d’Adrian Lynne ou en littérature, du Baron
Bagge d’Alexander Lernet-Holenia, que le film est le plus
proche. Il peut autant se comprendre à partir de la
théorie des trous de vers qu’il énonce, qu’avec
la représentation mentale de son personnage principal.
Nous préférons toutefois y voir le mélancolique
récit d’une adolescence brûlée aux limites
de son existence.
Donnie Darko, malgré
ses défauts tenant essentiellement à l’inutilité
de certains éléments de scénario, parle
en définitive forcément à tous ceux qui
ont quelquefois le sentiment trouble d’un infini qui lacère
le présent, ce fugitif tremblement du réel,
comme un avant-goût de la psychose. Ce qui en fait un
teenage movie des plus inquiétants.
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Titre :
Donnie Darko
Réalisateur
: Richard Kelly
Scénario
: Richard Kelly
Avec
: Jake Gyllenhaal, Mary McDonnell, Jena Malone,
Patrick Swayze, Drew Barrymore, Katharine Ross,
Noah Wyle, Maggie Gyllenhaal
Photo
: Steven B. Poster
Musique Originale
: Michael Andrews
Production
: Sean McKittrick, Nancy Juvonen, Pandora
Distribution
: Metropolitan Filmexport
Sortie France
: 30 Janvier 2002
Pays :
Etats-Unis
Durée
: 107 minutes
Année :
2001
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