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Scream (c) D.R. SCREAM
de Wes Craven
Par Marc LEPOIVRE


SYNOPSIS : Casey Becker, une belle adolescente, est seule dans la maison familiale. Elle s'apprête à regarder un film d'horreur, mais le téléphone sonne. Au bout du fil, un serial killer la malmène, et la force à jouer à un jeu terrible : si elle répond mal à ses questions portant sur les films d'horreur, celui-ci tuera son copain... Sidney Prescott sait qu'elle est l'une des victimes potentielles du tueur de Woodsboro. Celle-ci ne sait plus à qui faire confiance. Entre Billy, son petit ami, sa meilleure amie Tatum et son frère Dewey, ses copains de classe Stuart et Randy, la journaliste arriviste Gale Weathers et son caméraman Kenny qui traînent tout le temps dans les parages et son père toujours absent, qui se cache derrière le masque du tueur ?

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L'ILLUSION HORRIFIQUE

  Scream (c) D.R.
Film d'horreur à l'intrigue en apparence fort conventionnelle (un serial killer terrorise et trucide une bande de jeunes gens), Scream s'avère infiniment plus drôle et intelligent que les innombrables produits de ce genre, ce qui n'étonne pas de la part de Wes Craven qui entreprend ces derniers temps un travail réflexif sur ses genres de prédilection : le fantastique et l'horreur.

Ainsi Scream réussit le tour de force d'être à la fois un film d'horreur et une réflexion sur ce genre, un film terrifiant et drôle. Dans un équilibre miraculeux, Craven parvient à concilier la peur et le comique, c'est-à-dire la sensibilité et l'intelligence, en jouant sur une oscillation perpétuelle entre la croyance et la distance.

La croyance, d'abord. Il n'y a peur que si le spectateur croit un minimum à ce qu'il voit, selon un pacte narratif propre à toute fiction. Pour cela, Craven postule une toile de fond réelle, sur laquelle l'histoire va se développer : les personnages existent, les meurtres ont réellement lieu, etc.

A partir de là, Craven va s'ingénier à susciter la terreur, en déclinant toute une gamme d'effets qu'il a, en maître du genre, à sa disposition. A ce titre, la première scène est absolument exemplaire. Nettement séparée du reste du film, puisque la jeune fille est tout de suite évacuée (exemple canonique de Psycho), elle fonctionne comme scène-matrice, dont tout le corps du film n'est qu'une suite de reprises et de variations jusqu'à la parodie.

Scream (c) D.R.
Tout commence avec l'attente. Une jeune fille, seule chez elle, se prépare à manger. Un coup de fil retentit. Un inconnu prétend s’être trompé de numéro, puis il pose des questions, d'abord anodines, avant de la harceler et de la menacer. On le voit, le tueur, pour la victime comme pour le spectateur, se laisse désirer. Il ne lui importe pas tant de tuer sa victime que de la terroriser. Aussi la mise en scène instaure-t-elle un horizon d'attente car il faut bien donner le temps à la peur de s'épanouir. Et l'angoisse cinématographique s'inscrit dans cet espace de temps intermédiaire, cette zone incertaine et transitoire qui va de la prise de conscience du danger à sa manifestation. En d'autres termes, l'événement ne terrifie que lorsqu’il reste une menace, une pure virtualité, quelque chose de possible et non de réel. Dès que le tueur devient visible, il perd de son pouvoir, et la peur baisse d'intensité. La jeune fille est moins dominée par l'effroi que par la rage, et trouve des ressources pour repousser les assauts de son agresseur. De même, la mise à mort peut être ressentie comme un répit, un soulagement, qui met fin à ce qui est proprement insoutenable : l'attente de ce qui peut advenir.