SYNOPSIS :
Craig Schwartz est marionnettiste de
rue, mais ne parvient pas a vivre de son art. Lotte, son épouse,
s’intéresse beaucoup plus a ses animaux qu'a lui. Devant
leurs difficultés financières, le jeune homme
trouve un emploi au septième étage du building
de l'entreprise Lester. En classant des dossiers, Craig découvre
une porte dérobée et l'emprunte. Celle-ci le conduit
pour quinze minutes a l’intérieur de John Malkovich.
Cette prodigieuse découverte va lui permettre de changer
de vie. |
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" L’ART DIT
TOUJOURS LA VERITE, MEME QUAND IL MENT "
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Au début de Being
John Malkovich, on assiste à la mise en scène
d'un rêve, dont le cadre est le workshop, l'atelier
du marionnettiste Craig Schwartz. La passion d'être
autre, la volonté d'être dans le corps de l'autre
et de penser " autrement ", tel est le rêve
en question. Il s'agit ici d'une définition de l'idéal
du métier de marionnettiste. L'éclairage du
visage traduit la nature sentimentale de la scène,
sa complète mise à nu. Eclairage des affects
également dans cette mise à nu passionnelle,
une épure de la rencontre amoureuse commune par essence
à la structure du rêve. " Craig, tu nes
pas mon genre d'homme ", phrase qui vient couper et mettre
fin au rêve, clarifie le métier de marionnettiste
: créer du rêve, recréer son fantasme
et le comprendre par la fiction. Le rendre réel en
prolongeant un moment vécu mais déjà
terminé. La création est ici un prolongement
d'un moment passé et inabouti : le lieu d'une catharsis
autant amoureuse que personnelle. L'art des marionnettes sert
de mise en abyme du réel. La mise en chantier du rêve
(rêve en chantier car nécessitant une préparation)
est la doublure du réel. Elle révèle
le questionnement existentiel et artistique de Craig et lui
donne vie par le songe. Cette structure révèle
à l'artiste ce qui l'anime en profondeur. Elle équivaut
aussi bien à une catharsis qu'à une révélation.
Pour l'artiste, l'autre est un corps à investir. Un
être à découvrir, à aimer en en
prenant possession. On y lit une métaphore obligée
du discours amoureux, où l'autre est objet. Mais pour
une usurpation, un détournement de l'autre au cours
du travail de Craig : l'autre semble moins un être à
découvrir qu'un corps à prendre, quitte à
devenir consciemment, pour l'autre, le lieu d'une invasion
: " tu veux être dans ma peau ? "
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Being John Malkovich
ne cesse de transcender l'art dans la vie. Le film crée
par des effets de miroir rayé, souterrains, vaisseaux,
tissus parallèles, sa propre relation de mimétisme.
En dévoilant un art qui imite la réalité
et dont la finitude de l'artiste réside dans le rêve.
La quête artistique est quête de l'autre. Le lieu
de l'art n'est pas un atelier, mais Maxine, son corps, sa
peau. Le rêve n'est qu'une passerelle dans le processus
artistique, Maxine en est donc l'accomplissement. On songe
au mot du photographe Walker Evans, qui s'applique ici à
la même " copulation héroïque avec
le monde matériel ", unissant le photographe à
l'objet, l'artiste à la muse. Les marionnettes seraient
un pur medium (à des fins sexuels), des figurines
" savantes, définitives, transcendantes. "
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