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L'Echine du diable (c) D.R. L’ECHINE DU DIABLE
de Guillermo del Toro

LES AUTRES
d'Alessandro Amenabar
Par Nicolas JOURNET


Synopsis - L’échine du diable : En Espagne pendant la guerre civile, Carlos, âgé d’une dizaine d’années, est envoyé dans l’établissement Santa Lucia qui accueille les orphelins de la milice républicaine et des politiciens. Il est remis aux bons soins de Carmen, la directrice à la jambe de bois, et du mystérieux professeur Casares. Accueilli avec violence et hostilité par les autres enfants, Carlos assiste bientôt à des phénomènes : une bombe qui n’a jamais explosé gît de façon inquiétante au milieu de la cour et le fantôme d’un garçon hante le sous-sol de l'école et rend visite à Carlos.

Synopsis - les autres : En 1945, la Seconde Guerre mondiale est terminée mais le mari de Grace, parti combattre, n'est pas revenu du front. Dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île de Jersey, cette jeune femme pieuse élève seule ses deux enfants, Anne et Nicholas, selon les principes stricts de sa religion. Atteints d'un mal étrange, ces derniers ne peuvent être exposés à la lumière du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir qui doit constamment rester dans l'obscurité.


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MEME PAS PEUR

  Abre los ojos (c) D.R.
Guillermo del Toro aime beaucoup Les Autres. C’est en tout cas ce que mettent en relief les premiers plans de L’échine du diable, troisième film du réalisateur mexicain après Cronos  et Micmic. L’ambiance très années trente, les couleurs surannées et la présence de fantômes dans le scénario nous remémorent le succès planétaire d’Alessandro Amenabar.

Mais les ressemblances ne s’arrêtent pas là. Dans les deux films, le centre de gravité du récit est une demeure aux allures inquiétantes. La pension de L’échine du diable a quelque chose du manoir de Les Autres. La même sensation de froideur, le même sentiment de mort se dégagent des murs des deux bâtisses. Des impressions renforcées par une lumière rase, jamais franche, qui attaque toujours en biais les pièces sans défense. Croyant les protéger des agressions solaires, les habitants ont recourt (plus particulièrement dans Les Autres où les enfants de la maîtresse de maison fondent comme Icare au soleil) à de gigantesques rideaux noirs. Mais le remède s’avère encore plus effrayant que le mal, car il laisse place à une obscurité lugubre, propice à l’intrusion du fantastique.

L’ambiance qui règne dans ces deux lieux n’est donc pas très joyeuse, et leurs habitants réciproques en sont les premiers responsables. Basant leurs relations sur un rapport de classe, de dominants à dominés, l’affrontement est inéluctable. Dans le film d’Alessandro Amenabar, la propriétaire se montre odieuse vis-à-vis de ses domestiques, qu’elle accuse sans cesse d’incompétence. Dans celui de Guillermo del Toro, la violence est inversée. C’est Jacinto, l’homme à tout faire de la pension, qui joue au tyran. Malgré toute l’attention du couple de professeurs qui dirigent la pension pour le traiter en égal, le jeune homme à la beauté animale se sent prisonnier d’un lieu qu’il fréquente, lui le petit orphelin, depuis sa plus tendre enfance. Il ne pense donc qu’à s’enfuir pour de bon (il est déjà parti une fois, mais il est vite revenu au bercail), et à dérober au passage les lingots conservés dans le coffre de la pension.