Synopsis - L’échine du diable :
En Espagne pendant la guerre civile,
Carlos, âgé d’une dizaine d’années, est
envoyé dans l’établissement Santa Lucia qui
accueille les orphelins de la milice républicaine et
des politiciens. Il est remis aux bons soins de Carmen, la
directrice à la jambe de bois, et du mystérieux
professeur Casares. Accueilli avec violence et hostilité
par les autres enfants, Carlos assiste bientôt à
des phénomènes : une bombe qui n’a jamais explosé
gît de façon inquiétante au milieu de
la cour et le fantôme d’un garçon hante le sous-sol
de l'école et rend visite à Carlos.
Synopsis - les autres : En
1945, la Seconde Guerre mondiale est terminée mais
le mari de Grace, parti combattre, n'est pas revenu du front.
Dans une immense demeure victorienne isolée sur l'île
de Jersey, cette jeune femme pieuse élève seule
ses deux enfants, Anne et Nicholas, selon les principes stricts
de sa religion. Atteints d'un mal étrange, ces derniers
ne peuvent être exposés à la lumière
du jour. Ils vivent donc reclus dans ce manoir qui doit constamment
rester dans l'obscurité.
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MEME PAS PEUR
Guillermo del Toro aime
beaucoup Les Autres. C’est en tout cas ce que mettent
en relief les premiers plans de L’échine du diable,
troisième film du réalisateur mexicain après
Cronos et Micmic. L’ambiance très
années trente, les couleurs surannées
et la présence de fantômes dans le scénario
nous remémorent le succès planétaire
d’Alessandro Amenabar.
Mais les ressemblances ne
s’arrêtent pas là. Dans les deux films, le centre
de gravité du récit est une demeure aux allures
inquiétantes. La pension de L’échine du diable
a quelque chose du manoir de Les Autres. La même
sensation de froideur, le même sentiment de mort se
dégagent des murs des deux bâtisses. Des impressions
renforcées par une lumière rase, jamais franche,
qui attaque toujours en biais les pièces sans défense.
Croyant les protéger des agressions solaires, les habitants
ont recourt (plus particulièrement dans Les Autres
où les enfants de la maîtresse de maison fondent
comme Icare au soleil) à de gigantesques rideaux noirs.
Mais le remède s’avère encore plus effrayant
que le mal, car il laisse place à une obscurité
lugubre, propice à l’intrusion du fantastique.
L’ambiance qui règne
dans ces deux lieux n’est donc pas très joyeuse, et
leurs habitants réciproques en sont les premiers responsables.
Basant leurs relations sur un rapport de classe, de dominants
à dominés, l’affrontement est inéluctable.
Dans le film d’Alessandro Amenabar, la propriétaire
se montre odieuse vis-à-vis de ses domestiques, qu’elle
accuse sans cesse d’incompétence. Dans celui de Guillermo
del Toro, la violence est inversée. C’est Jacinto,
l’homme à tout faire de la pension, qui joue au tyran.
Malgré toute l’attention du couple de professeurs qui
dirigent la pension pour le traiter en égal, le jeune
homme à la beauté animale se sent prisonnier
d’un lieu qu’il fréquente, lui le petit orphelin, depuis
sa plus tendre enfance. Il ne pense donc qu’à s’enfuir
pour de bon (il est déjà parti une fois, mais
il est vite revenu au bercail), et à dérober
au passage les lingots conservés dans le coffre de
la pension.
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