Dans la Tunisie d’aujourd’hui,
la situation n’a guère évolué, les femmes
sont encore loin d’être libérées. Pour
Lilia, il n’est pas très facile de s’échapper
au climat généré par la famille, en l’occurrence
un oncle très envahissant, mais aussi par des voisins,
qui se mêlent allègrement de la vie des autres.
Tous semblent souhaiter que Lilia porte le deuil de son mari
jusqu’à sa mort. Ils ne pensent jamais à elle,
ni à son bonheur, mais aux convenances qu’il ne faut
à aucun prix enfreindre.
Pour conquérir leur
liberté, les deux femmes cherchent donc à vaincre
les réticences de leurs congénères sur
la piste de danse. Dans Dirty Dancing et Satin rouge,
elles vont être l’une et l’autre, soutenues dans leur
entreprise par un personnage charismatique. Dans le film de
Emile Ardolino, c’est Patrick Swayze qui s’y colle. Luisant
de sueur, musclé à la perfection, bronzé
jusqu’à se cancériser de la peau, il se démène
à fond pour sa chère Baby d’amour.
Pour servir de guide à
Lilia, Raja Amari n’a pas choisi la figure tutélaire
du professeur de danse, mais celle d’une professionnelle de
la profession qui exerce depuis longtemps le métier
de danseuse de cabaret. Hend el Fahem qui l’interprète
est moins sexy que le beau Patriiiiiiick, mais ses talents
de comédienne dépassent de très loin
celui de l’acteur américain au look de surfeur.
Dirty Dancing
et Satin rouge ont donc beaucoup de points communs, beaucoup
trop ! Dirty Dancing est quand même un navet
de collection, un joyau de médiocrité comme
Hollywood en fournit rarement d’aussi parfaits. Quelle virtuosité
dans la succession ininterrompue de clichés les plus
éculés, quelle maîtrise dans les dialogues
qui sont écrits pour des collégiens, - - ça
on le savait déjà - vraisemblablement rédigés
par l‘un d’entre eux tellement ils sont plats comme la
Belgique! Bref, être en mesure de comparer Satin
rouge à un tel film n’est pas vraiment un gage
de qualité.
Bien sûr, Raja Amari
a mis en place une histoire plus complexe que les deux lignes
de scénario, titre compris, de Dirty Dancing.
Les sentiments mis en jeu sont mieux traduits à l’écran,
les acteurs sont plus talentueux, mais globalement l’intérêt
du film se trouve limité par son côté
cliché et l’impression de déjà vu qui
s’en dégage. Les situations sont trop classiques, les
rebondissements trop prévisibles. D’une bobine à
l’autre, Satin rouge est cousu de fil blanc…et c’est
quand même un sacré paradoxe !
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