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Pickpocket (c) D.R.
Il apparaîtrait plutôt que le film puise ses ultimes ressources du côté du cinéma de Robert Bresson. Un dispositif carcéral organisant la communication entre le détenu (Dagang) et celle qui vient le voir (Yanli) se réfère explicitement à la fin grillagée de Pickpocket (et Xiao Wu de Jia Zhang-Ke rendait un bel et justifié hommage à cette œuvre matricielle de la modernité cinématographique), et on pourrait très bien imaginer le premier dire à la seconde : " Yanli, quel étrange chemin j’ai dû faire pour arriver jusqu’à toi ". C’est enfin le moment où un car de police, après avoir ramassé des prostituées (sûrement dénoncées) dont fait partie Yanli, les débarque devant un fourgon blindé : on pense inévitablement à une séquence similaire de L’Argent du même auteur. L’évasion n’étant pas à l’ordre du jour, son corollaire immédiat, l’incarcération, est le motif formel secret du film. Cette lampe que regarde Dagang, hors-champ et haletant au début du film, n’est pas si éloignée du peu de lumière filtrée par la lourde porte du fourgon que regarde la jeune femme tabassée à l’instar de ses collègues (on songe alors à la fin du Cercle de Jafar Panahi). De la Chine, on n’en sort pas comme ça. Encore quelques gags ou situations cocasses (la prostituée ramenant chez Dagang des clients racolés pour récolter l’argent nécessaire à leur ménage insolite, ce dernier en profitant pour crever les pneus de leur vélo et faire ainsi plus de bénéfices) qui peuvent dériver vers des significations plus ambiguës, imbriquant sexe et politique (Dagang avec sa pompe à vélo, Yanli avec sa bouche enflée " à force d’avoir trop sucé " comme le disait en rigolant Si-De, Dagang encore dans son lit et qui haletait sûrement parce qu’étant au chômage, son inoccupation le portait naturellement à se masturber), mais il faut un coup de force final (une image figée, plus fantasmée que réaliste) pour que le film puisse finir bien : le bébé ne sera plus abandonné, quoi qu’il arrive, il retombera toujours sur ses pattes, sur quelqu’un qui le connaît (Dagang, devenu maître-étalon, valeur précieuse de l’humanité).

  Le Récit d'un propriaitaire (c) D.R.
L’Orphelin d’Anyang ou le cinéma rattrapé par ce qui le travaille au ventre. L’équation (double) est la suivante : le bébé dans le film, c’est le cinéma enceint du réel, gros d’une pâte organique contractant à l’extrême la vie, et dont il faut s’occuper ; le film sur nos écrans, c’est notre réalité affectée par l’actualité du film, c’est un réel ignoré qui accouche d’un beau film de cinéma qui nous a rattrapé. A temps. Nous tombions sans nous en apercevoir à force de lorgner du côté de nos cinématographies (et Hollywood est l’une d’entre elles, naguère privilégiée) vaguement essoufflées, alors que c’est (encore) à l’Est (très, très loin vers l’Est : l’Iran, Taiwan et Hong Kong hier, la Chine populaire aujourd’hui, la Corée n’en est encore qu’aux prémisses et se fait attendre) que ça se passe, que le cinéma, ce vieux rêve, bouge encore un peu. Et l’on préfèrera cette fois-ci quand il vagit que quand il maugrée ou ratiocine. Un vieux titre hollywoodien ne nous avait pourtant pas trompé, et à plusieurs titres, on lui donnera valeur de prophétie : " A l’Ouest, rien de nouveau ".




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L'Orphelin d'Anyang : site officiel du film



Titre
 : L'Orphelin d'Anyang
Titre VO : Anyang de yinger
Réalisateur : Wang Chao
Scénariste : Wang Chao
D'après l’œuvre de : Wang Chao
Acteurs : Zhue Jie, Sun Gui Lin, Yue Sen Yi
Directeur de la photographie : Zhang Xi
Monteur : Wang Chao
Son : Wang Yu
Directeur artistique : Li Gang
Producteur associé : Wang Yu
Producteur : Li Fang, Wang Chao
Distribution : Les Films du Paradoxe
Presse : Thierry Lenouvel - Séverine Roinssard
Festival : Quinzaine des réalisateurs (Cannes 2001), Belfort 2001(Grand prix du film étranger)
Sortie France : 13 Mars 2002
Durée : 1h 24
Année : 2001
Pays : Chine