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Bad Lieutenant (c) D.R.
Il prolonge aussi une ligne thématique qui passe par The King of New York (1990) et Bad Lieutenant  (1992) (le grand ponte de la cocaïne et bienfaiteur de la ville pourchassé par des flics qui ressemblent à une bande de gangsters, ensuite le flic plus accro que le junkie de base et qui outrepasse ses fonctions pour taper chez les dealers, enfin la famille parvenue et modèle pour sa communauté qui oeuvre professionnellement dans le trafic de drogue sans se mouiller parce qu’elle ne sait rien faire d’autre au fond : une trilogie new-yorkaise de l’ambiguïté dans le crime, comme pour épuiser graduellement la violence inhérente au genre du thriller auquel ces œuvres au départ appartiennent, pour mieux s’en éloigner et ainsi accéder de manière coulée et déliée au pur relevé documentaire (qui n’exclut pas des morceaux de bravoure formelle brillamment chorégraphiés et montés : la partie de basket et ses paris filmés en crescendo pendant que l’on deale dans la rue) des moteurs de l’écoulement de la drogue (continuons à filer la métaphore liquide : le couple n’oublie jamais d’arroser ses employés qui, eux, arrosent les rues de leur produit nocif).

Ce documentaire seulement induit par la fiction minimale qu’est R’x-mas renvoie également aux méthodes de tournage de Ferrara qui privilégiera toujours les parlures aux mots, la captation des affects et la vibration des corps à la mécanique du rôle à interpréter (la féline Drea de Matteo, comme le montrent certains objets ou tableaux ornant les murs des appartements luxueux – au nombre de deux, l’un pour la famille, l’autre pour le travail – du couple, rappelle la Madonna de Snake eyes, aussi sexy mais plus musculeuse que pulpeuse, plus marquée par la vie aussi ; quant à Lillo Brancato Jr., il ressemble à une version juvénile, nounours et poupine de De Niro), avec ce rapport direct et immédiatement palpable avec la vie de la rue new-yorkaise (Ferrara est le seul aujourd’hui à filmer aussi justement la communauté black, toujours laissée à l’écart des richesse de la ville : c’est cette acuité sociale qui fait rageusement sens).

  Christmas (c) D.R.
Il s’agit rien de moins aussi que de ré-actualiser, de re-vitaliser l’essence même des rites fondateurs de Noël : la peur de la nuit la plus longue et de la punition du péché, quand on enlève ceux qui nous sont proches (Ice T joue le rôle du mythique Père fouettard : instrument de la démonstration du cinéaste, ce dernier laisse pourtant suffisamment d’espace de jeu pour lui permettre d’étoffer et d’épaissir son personnage de truand qui s’avère être au final un flic arrêté pour corruption) et que cette nuit récompense ceux qui y survivent par la victoire du Bien.

Par le motif du kidnapping comme ultime stade de la marchandisation des corps clivés en tant qu’objet (motif récurrent du cinéma des frères Coen), Ferrara espère donner une leçon salutaire à son couple, leur ouvrant la porte des responsabilités et le choix d’opérer un choix vital. Si chercher une poupée au marché noir égale à chercher à libérer son mari en payant le prix fort, l’homme a donc troqué sa condition d’être conscient pour la liberté infantilisante de ne jamais plus vouloir être libre, pour un devenir amorphe de pantin, de marionnette pas si différente de ces jouets de noël.

Christmas (c) D.R.
In fine, la référence au film de Nicholas Ray (Party Girl de 1958) se comprend comme le carburant cinéphilique (la poupée vue dans le rétroviseur) d’un salut vécu au présent par l’amour (le retour lazaréen du père dont n’a eu aucune conscience sa fille). Miracle pas si éloigné également de celui de Voyage en Italie de Rossellini en 1953 (le couple en voiture), mais après ? Continueront-ils à s’enrichir vampiriquement sur le dos des quartiers défavorisés ? Le film s’abandonne comme souvent chez Ferrara à la suspension de son récit : avec l’accession de Giuliani, c’est l’invisibilité de ce type de commerce qui s’est accrue, non sa résorption.



Abel Ferrara
: Site français sur le réalisateur




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2001
Christmas / R'Xmas avec Drea De De Matteo
1998 New Rose Hotel avec Asia Argento
1997 The Blackout avec Dennis Hopper
1996 Nos funérailles / The Funeral avec Christopher Walken
1995 The Addiction avec Christopher Walken
1993 Snake Eyes / Dangerous Game avec Harvey Keitel
1992 Bad Lieutenant avec Harvey Keitel
1992 Body Snatchers avec Terry Kinney
1990 The King of New York avec Christopher Walken
1987 China Girl avec James Russo
1980 L'Ange de la vengeance / Angel of vengeance avec Zoe Tamerlis
1979 Driller Killer
1978 Marie-Madeleine de Abel Ferrara