SYNOPSIS :
Une jeune serveuse tombe amoureuse d’un célèbre
pianiste dont l’épouse est folle. Les conventions et
la différence sociale feront obstacle à leur idylle…
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CERCLE INTIME, SPHERE SOCIALE
Entre discrétion absolue
et surveillance sociale, Helen et Philip (ni un couple, ni
un couple en devenir) tissent une relation secrète,
menacée en permanence par l’extérieur. La société
tente de fissurer cette relation officieuse. L’amour est empêché
mais prend forme dans ses contraintes de développement.
TRAJECTOIRES, PERSPECTIVES, DESTINEE
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Un homme pousse les
porte battantes d’un grand restaurant. Sur la gauche du cadre
surgit une serveuse que la caméra, s’éloignant
de l’homme, suit (en travelling) sur la gauche. When tomorrow
comes est le récit de la relation qui réunira
dans le plan, dans le scénario et sur la scène
du réel, ces deux personnes de classes sociales différentes.
Comment s’effectue la réunion entre la serveuse, farouche
syndicaliste et future gréviste, et le chic pianiste
nomade ?
A peine lève-t-elle les yeux vers l’homme, après
avoir pris sa commande, à peine le considère-t-elle
qu’une autre serveuse fait irruption dans le champ :
" Sois prudente, c’est un espion " lui
dit-elle. " Watch your step " sert
comme signal, premier avertissement général.
Le deuxième regard est le bon : à nouveau
la serveuse de dos, plan moyen puis, cut, plan américain
(contournant le " watch your step "),
elle se retourne, intriguée. La première ligne
est tracée par le regard, échange et rencontre
optiques entre deux pôles.
Les deux regards de la serveuse, qui partent d’un demi-tour
du corps sur lui-même, posent les prémisses de
la relation entre elle (la serveuse) et lui (le pianiste).
Le deuxième regard, regard frontal, met en branle la
frontière sociale entre eux : de l’échange
de regard naît le premier affront fait aux différences
sociales. La démarche en avant d’Helen qui s’établit
par un regard derrière elle, part d’un regard biaisé
mais offensif. Il s’agit d’une prise de risque sur le lieu
de son travail et contre le cours tranquille des choses :
Helen participe grandement, activement de ce qui doit arriver
par sa démarche. Une démarche qui actionne,
enclenche la rencontre, d’abord réduite, par nécessité,
à la relation client / serveuse. Dualité du
lieu d’abord, redoublement ensuite de l’action : c’est
parce qu’Helen enfreint la règle (le client, pris
à part, dans l’échange de regard) en se
retournant vers lui, qu’elle crée un déterminisme
de l’action. Helen s’accomplit dans le moment et dans l’action
qui la suit, destinée qui débute de son lieu
de travail. Chez John M. Stahl, l’action en cours s’ancre
dans un contexte social nécessaire, qui présente
une autre activité ou revendication en cours (en l’occurrence
ici, une offensive féminine). L’intrigue sentimentale
se pare de l’événement social, se marie intimement
avec ce contexte réaliste qu’est le soulèvement
général des grévistes.
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