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When tomorrow comes (c) D.R. WHEN TOMORROW COMES
de John M. Stahl
Gilles LYON-CAEN


SYNOPSIS : Une jeune serveuse tombe amoureuse d’un célèbre pianiste dont l’épouse est folle. Les conventions et la différence sociale feront obstacle à leur idylle…

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CERCLE INTIME, SPHERE SOCIALE

Entre discrétion absolue et surveillance sociale, Helen et Philip (ni un couple, ni un couple en devenir) tissent une relation secrète, menacée en permanence par l’extérieur. La société tente de fissurer cette relation officieuse. L’amour est empêché mais prend forme dans ses contraintes de développement.


TRAJECTOIRES, PERSPECTIVES, DESTINEE

  When tomorrow comes (c) D.R.

Un homme pousse les porte battantes d’un grand restaurant. Sur la gauche du cadre surgit une serveuse que la caméra, s’éloignant de l’homme, suit (en travelling) sur la gauche. When tomorrow comes est le récit de la relation qui réunira dans le plan, dans le scénario et sur la scène du réel, ces deux personnes de classes sociales différentes. Comment s’effectue la réunion entre la serveuse, farouche syndicaliste et future gréviste, et le chic pianiste nomade ?

A peine lève-t-elle les yeux vers l’homme, après avoir pris sa commande, à peine le considère-t-elle qu’une autre serveuse fait irruption dans le champ : " Sois prudente, c’est un espion " lui dit-elle. " Watch your step " sert comme signal, premier avertissement général. Le deuxième regard est le bon : à nouveau la serveuse de dos, plan moyen puis, cut, plan américain (contournant le " watch your step "), elle se retourne, intriguée. La première ligne est tracée par le regard, échange et rencontre optiques entre deux pôles.

Les deux regards de la serveuse, qui partent d’un demi-tour du corps sur lui-même, posent les prémisses de la relation entre elle (la serveuse) et lui (le pianiste). Le deuxième regard, regard frontal, met en branle la frontière sociale entre eux : de l’échange de regard naît le premier affront fait aux différences sociales. La démarche en avant d’Helen qui s’établit par un regard derrière elle, part d’un regard biaisé mais offensif. Il s’agit d’une prise de risque sur le lieu de son travail et contre le cours tranquille des choses : Helen participe grandement, activement de ce qui doit arriver par sa démarche. Une démarche qui actionne, enclenche la rencontre, d’abord réduite, par nécessité, à la relation client / serveuse. Dualité du lieu d’abord, redoublement ensuite de l’action : c’est parce qu’Helen enfreint la règle (le client, pris à part, dans l’échange de regard) en se retournant vers lui, qu’elle crée un déterminisme de l’action. Helen s’accomplit dans le moment et dans l’action qui la suit, destinée qui débute de son lieu de travail. Chez John M. Stahl, l’action en cours s’ancre dans un contexte social nécessaire, qui présente une autre activité ou revendication en cours (en l’occurrence ici, une offensive féminine). L’intrigue sentimentale se pare de l’événement social, se marie intimement avec ce contexte réaliste qu’est le soulèvement général des grévistes.