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Cette unité de
rythme de montage se vérifie aussi au niveau où
se justifie un peu plus la soi-disant division du film en
deux parties. L’intrigue s’étend sur une durée
très longue, plus d’un an, et, comme elle est linéaire,
elle est traitée avec énormément d’ellipses
temporelles, dont la plupart prennent place dans la partie
" formation ", qui est, au point de vue
de la durée et du temps couverts, la plus longue. Pour
condenser une période aussi longue en une heure et
demie sans jamais briser la chronologie du récit, mais
aussi pour passer avec fluidité d’une suite d’instantanés
(la soi-disant partie " documentaire ")
à un épisode unitaire et cohérent (la
" partie fiction " : mission d’espionnage,
échec, découverte des traîtres, châtiment)
qui en découle, Masumura doit, bien entendu, procéder
à un travail de proportionnalité rythmique très
savant des scènes et des séquences l’une par
rapport à l’autre. A ce niveau-là, l’efficacité
du film provient, justement, de la maîtrise du cinéaste,
qui, même dans les nombreuses " saynètes "
d’apprentissage (pars pro toto de quelques minutes sur toute
une année de cours ) ne donne jamais l’impression de
passer rapidement sur ce qu’il montre, mais au contraire de
s’y attarder avec la même attention qu’il s’attarde
sur des scènes " non-abrégées ".
La séquence de l’assassinat de l’ex-fiancée,
qui se déroule dans son exhaustivité, et celle,
par exemple, du cours sur la torture, qui n’est qu’un instant
représentatif au sein de toute une routine (respectivement
deuxième et première partie) sont montées
de la même façon ; le regard scrutateur,
presque voyeur, en tout cas distant du cinéaste, et
donc la vitesse avec laquelle il donne à voir, reste
la même. La réussite presque miraculeuse de ce
film tient donc, pour une large part, à la grande unité
rythmique qu’il dégage, alors qu’il est confronté
aussi bien au défi de la condensation que du ralentissement
du temps narratif (la première partie, s’étendant
sur une durée plus longue, est plus " rapide "
en soi que la deuxième, puisque dans l’équation
fallacieuse X = jour ÷ minute de film, X1<X2 ).
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Yasuzo Masumura :
Né en 1924, il a d'abord étudié
le droit, avant d'entrer à la Compagnie Daiei
comme assistant. Il étudie ensuite la philosophie
puis obtient une bourse du gouvernement italien
en 1950 pour aller apprendre le cinéma au
Centre expérimental cinématographique.
Assistant de Carmine Gallone sur Madame Butterfly
(1953), il rentre ensuite au Japon où il
devient l'assistant de Kenji Mizoguchi et Kon Ichikawa.
En 1957, il signe son premier film, Un Baiser,
suivi de Jeune fille sous le ciel bleu.
En quelques longs métrages, il s'impose comme
le précurseur de la "Nouvelle Vague" qui
va bientôt déferler sur le cinéma
japonais, avec en particulier Swastika (1964)
et Nakano: école militaire (1966).
Il lança la fameuse série Le Soldat
yakuza avec Shintaro Katsu. La Femme de Seisaku
(1965), L'Ange rouge (1966) et Tatouage
(1966) marquent l'apogée de sa collobaration
avec l'actrice Ayako Wakao, dont il dénigra
le talent quelques années plus tard. De son
imposante filmographie, on retiendra aussi: Les
Géants et les jouets (1958), Le Faux
étudiant (1960), La Chatte japonaise
(1966), La Bête aveugle (1969), d'après
Rampo Edogawa, et Jeux dangereux (1971).
(Source : L’Etrange
Festival)
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Ce film n’ayant été vu qu’une seule
fois, durant l’édition 2000 de L’Etrange
Festival et n’existant pas en vidéo, cette
analyse est écrite de mémoire et ne
peut donc prétendre ni à la plus grande
profondeur, ni à la plus grande précision
possible.
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