SYNOPSIS :
Il existe encore, un peu partout en France, des écoles
à "classe unique", qui regroupent, autour du même
maître ou d'une institutrice tous les enfants d'un même
village, de la maternelle au CM2. Entre repli sur soi et ouverture
au monde, ces petites troupes hétéroclites partagent
la vie de tous les jours, pour le meilleur et pour le pire.
C'est dans l'une d'elles, quelque part au cœur de l'Auvergne,
que s'est tourné ce film. |
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Depuis La ville-Louvre
et La Moindre des choses, Nicolas Philibert
travaille l’alliance du documentaire à la fiction. Avec
Être et avoir, chronique de la vie d’une classe
unique au fin fond du massif central, le réalisateur
n’aborde pas les questions sociologiques et autres états
de lieux du système éducatif français et
préfère aux procédés directs de
mise en scène, une forme de contemplation touchée
par une grâce surprenante. A la recherche des émotions
plutôt que des grands discours, la question récurrente
de tous ses films, " comment apprendre à vivre
ensemble ? " s’incarne dans cette école.
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La rencontre de Nicolas
Philibert avec son sujet, c’est d’abord une rencontre avec
un lieu qu’il investit. Avec sa forme narrative et sa construction,
le récit du documentaire se rapproche intensément
de la fiction.L’approche du sujet est pourtant d’une discrétion
étonnante. Elle cadre le film tout entier d’une délicatesse
contemplative.
Divisé en deux mondes intérieur/ extérieur,
école et monde extérieur, le film est esquissé
en quatre saisons, (suivant la chronologie du tournage de
décembre 2000 à juin 2001). Ces quatre saisons
sont quatre ellipses divisant le récit et l’inscrivant
dans une temporalité donnée.
Mais ce choix de découpage situe constamment la classe
face au monde extérieur. L’école trouve son
identité comme lieu isolé et protégé
de la violence contenue de monde. Les saisons deviennent les
cadres du film et l’ancrent à deux identités :
documentaire e t fiction, intérieur/ extérieur.
Face au monde, l’école dans sa représentation
devient le lieu de réunion, de vie, le centre vital
de ses protagonistes. Le plan d’ouverture fait d’ailleurs
briller délibérément le lieu par son
absence/présence. La séquence suit les élèves
en plans généraux, ce sont des petites silhouettes
emmitouflées, anonymes qui convergent vers la classe.
Tous les choix de mise en scène
pris lors de la préparation du film se justifient alors :
Celui d’un effectif de
classe unique peu nombreux (une dizaine d’élèves)
s’impose tout d’abord afin que chaque enfant soit identifiable
et puisse devenir un véritable personnage du film.
Celui de l’éventail du film d’une classe allant de
la maternelle au CM2 laisse une large palette au metteur en
scène pour laisser les réactions s’exprimer
dans la classe du petit groupe hétérogène
vivant en société.
Ce n’est qu’une fois à
l’école, éclairée et rassurante, que
le réalisateur s’autorise les présentations
avec les protagonistes. Quelques plans rapprochés dessinent
quelques visages, le son capte quelques bribes de phrase et
la vie semble reprendre alors son cours. La mise en scène
laisse son film et son sujet encore dessiné en filigrane,
s’incarner, sans pour autant lui donner les codes du documentaire
traditionnel invariablement rattaché à la télévision.
Il renonce à toute perspective didactique. L’évolution
de la petite troupe devient le véritable sujet du film.
Le film affirme d’emblée la subjectivité de
son regard dans ses choix futurs.
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