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Etre et avoir (c) D.R. FESTIVAL DE CANNES 2002
Sélection officielle

ETRE ET AVOIR

de Nicolas Philibert
Par Claudia COLLAO



SYNOPSIS : Il existe encore, un peu partout en France, des écoles à "classe unique", qui regroupent, autour du même maître ou d'une institutrice tous les enfants d'un même village, de la maternelle au CM2. Entre repli sur soi et ouverture au monde, ces petites troupes hétéroclites partagent la vie de tous les jours, pour le meilleur et pour le pire. C'est dans l'une d'elles, quelque part au cœur de l'Auvergne, que s'est tourné ce film.

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Depuis La ville-Louvre et La Moindre des choses,  Nicolas Philibert travaille l’alliance du documentaire à la fiction. Avec Être et avoir, chronique de la vie d’une classe unique au fin fond du massif central, le réalisateur n’aborde pas les questions sociologiques et autres états de lieux du système éducatif français et préfère aux procédés directs de mise en scène, une forme de contemplation touchée par une grâce surprenante. A la recherche des émotions plutôt que des grands discours, la question récurrente de tous ses films, " comment apprendre à vivre ensemble ? " s’incarne dans cette école.

  Etre et avoir (c) D.R.
La rencontre de Nicolas Philibert avec son sujet, c’est d’abord une rencontre avec un lieu qu’il investit. Avec sa forme narrative et sa construction, le récit du documentaire se rapproche intensément de la fiction.L’approche du sujet est pourtant d’une discrétion étonnante. Elle cadre le film tout entier d’une délicatesse contemplative.

Divisé en deux mondes intérieur/ extérieur, école et monde extérieur, le film est esquissé en quatre saisons, (suivant la chronologie du tournage de décembre 2000 à juin 2001). Ces quatre saisons sont quatre ellipses divisant le récit et l’inscrivant dans une temporalité donnée.

Mais ce choix de découpage situe constamment la classe face au monde extérieur. L’école trouve son identité comme lieu isolé et protégé de la violence contenue de monde. Les saisons deviennent les cadres du film et l’ancrent à deux identités : documentaire e t fiction, intérieur/ extérieur.

Face au monde, l’école dans sa représentation devient le lieu de réunion, de vie, le centre vital de ses protagonistes. Le plan d’ouverture fait d’ailleurs briller délibérément le lieu par son absence/présence. La séquence suit les élèves en plans généraux, ce sont des petites silhouettes emmitouflées, anonymes qui convergent vers la classe.

Etre et avoir (c) D.R.
Tous les choix de mise en scène pris lors de la préparation du film se justifient alors :

Celui d’un effectif de classe unique peu nombreux (une dizaine d’élèves) s’impose tout d’abord afin que chaque enfant soit identifiable et puisse devenir un véritable personnage du film.

Celui de l’éventail du film d’une classe allant de la maternelle au CM2 laisse une large palette au metteur en scène pour laisser les réactions s’exprimer dans la classe du petit groupe hétérogène vivant en société.

Ce n’est qu’une fois à l’école, éclairée et rassurante, que le réalisateur s’autorise les présentations avec les protagonistes. Quelques plans rapprochés dessinent quelques visages, le son capte quelques bribes de phrase et la vie semble reprendre alors son cours. La mise en scène laisse son film et son sujet encore dessiné en filigrane, s’incarner, sans pour autant lui donner les codes du documentaire traditionnel invariablement rattaché à la télévision. Il renonce à toute perspective didactique. L’évolution de la petite troupe devient le véritable sujet du film. Le film affirme d’emblée la subjectivité de son regard dans ses choix futurs.