Dans Avalon, Ash, jeune femme
solitaire, se drogue aux jeux vidéos. Réputée
comme une des meilleures professionnelles d’un wargame
illégal, Avalon, elle décide de retrouver
la trace de son ancien amant et partenaire de combat, Murphy,
devenu un "perdu" errant sans fin dans les méandres
du jeu après avoir suivi, au cours d’une partie, une
petite fille nommée Ghost. Elle se rend alors dans une
zone interdite, baptisée "Class A", où
la réalité virtuelle a l’apparence de notre monde
contemporain. En illusionniste réputé qu’il est,
Mamoru Oshii brouille les repères existants : si
le monde réel de Ash ressemble à une image romanesque
- un sépia lugubre - des villes de l’Est de l’époque
du communisme triomphant, l’ultime étape de son parcours
virtuel n’est rien d’autre qu’une vision policée - l’apparition
éclatante de la couleur et lumineuse du soleil - de ces
mêmes villes depuis l’éclatement du bloc soviétique.
Après quelques décennies de repli totalitaire,
la société de consommation et son bonheur factice
ont envahi sans état d’âme le monde slave.
Enfin, autre registre
et ultime argument à cette tentative d’association
des deux films, la personnalité de leurs réalisateurs,
du moins tel qu’il est permis de l’appréhender à
travers les bonus du DVD, nombreux et exceptionnellement
passionnants (c’est un fait assez rare pour le mentionner
avec une réelle emphase.) Sous nos yeux, en effet,
se dessine le portrait émouvant de deux hommes plutôt
timides et désemparés, dès qu’ils sont
hors de leur contexte habituel. Ainsi, au cœur de l’agitation
cannoise qu’il regarde avec un profond sentiment d’étrangeté
- le caractère quasi immuable de leur environnement
donne aux Inuit une conception du temps marquée par
la lenteur de l’évolution - Zacharias Kunuk s’efface-t-il
derrière son chef-opérateur et co-scénariste,
Norman Cohn, rompu à l’exercice rituel de la séance
d’interview et de la soirée mondaine. Tout comme,
de son côté, Mamoru Oshii, pourtant nourri
de séries B polonaises de science-fiction et émerveillé
par la voix d’Elziebta Towarnicka - la soprano qui déjà
prêtait la grâce de son timbre à Irène
Jacob dans La double vie de Véronique de Kieslowski
-, ne peut que constater sa difficulté à communiquer,
hors du plateau, avec son chef-opérateur polonais.
Si les problèmes concrets de l’artistique les rassemblent,
les us et coutumes du quotidien les éloignent.
En fait, au terme de cette
association de bienfaiteurs cinéphiliques, ce qui
reste, outre deux factures visuelles impeccables, c’est
que, futur virtuel ou histoire ancestrale, les mythes et
légendes des hommes restent les mêmes et leurs
passions identiques. Appétit de pouvoir ou désir
de vengeance, besoin de reconnaissance ou recherche de l’amour,
que l’on soit un homme rapide ou une joueuse accro, Zacharias
Kunuk et Mamoru Oshii nous confirment que nous courons tous,
que nous courrons toujours, après cet éphémère
antidote à la solitude que l’on nomme "bonheur".
Retrouvez Francis Gavelle
dans " Longtemps, je me suis couché
de bonne heure " (Radio Libertaire -
89.4 Mhz) émission qui propose, un samedi
par mois de 19 heures à 21 heures, un panorama
de l’actualité - brûlante ou non
- des mondes de l’édition, de la musique
et du cinéma.
Titre
: Atanarjuat, la légende de l'homme
rapide Réalisateur :
Zacharias Kunuk Acteurs
: N. Ungalaaq, S. Ivalu, P.-H. Arnatsiaq, L. Tulugarjuk Scénario
: Paul Apak Angilirq Photo
: Norman Cohn Editeur
: Editions Montparnasse Public légal
: tous publics Langue
: version originale sous-titrage français Format image
: 1.77 Format écran
: 16/9 compatible 4/3 Divers
: couleur Durée
: 172 mn Zone
: 2
Titre
: Avalon Réalisateur
: Mamoru Oshii Acteurs
: Wladyslaw Kowalski, Katarzyna Bargietowska,
Dariusz Biskupski, Malgorzata Foremniak, Jerzy
Gudesko, Bartek Swiderski Editeur
: Studio Canal Durée
: 106 minutes Type :
Zone 2