SYNOPSIS :
Rachida est une jeune et jolie fille de vingt ans qui enseigne
dans un quartier populaire d'Alger. Un matin, alors qu'elle
se rend à son travail sans porter le voile, elle est
accostée par des terroristes parmi lesquels se trouve
Sofiane, le frère de l'un de ses anciens élèves.
Ils lui ordonnent de poser une bombe dans l’école où
elle exerce. La jeune femme refuse, ils lui tirent une balle
dans le ventre. Elle est très grièvement blessée,
mais par chance survit, alors que " dans
la réalité, l'enseignante en refusant pour
protéger les enfants a été tuée
comme l'ont été beaucoup d'enseignantes".
A sa sortie de l'hôpital, Rachida et sa mère
décident de quitter Alger pour fuir la violence, et
de se réfugier dans le village de Yasmina, une collègue.
La mère et la fille réapprennent à vivre
malgré la peur, Rachida recommence à enseigner.
Elle se lie d’amitié avec Karima, une de ses élèves,
dont le père est un terroriste mais Rachida ne le sait
pas…
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ALGERIE ; MA JOIE, MA DOULEUR
" … A toi d’atteindre le pain
de mon âme
Pour te connaître toi-même. Et je suis
sans limites,
Si je le désire :
Avec un épi, j’agrandis mon champ
Et j’élargis cet espace avec une tourterelle.
Que mon corps soit mon pays. "
Sécheresse , Le Lit de
l’étrangère
de Mahmoud Darwich (Acte Sud éditions)
Quelle fiction pour une guerre
sans nom et qui ravage tout un pays ?
Comment raconter cela ? Que peut le cinéma ?
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Et si le cinéma
seul et contre tout (les médias par exemple…) racontait
la vérité du monde ?
De par sa croyance en l’incarnation, cet autre, ce prochain
en qui et avec qui je peux pleurer et penser, ressentir et
réfléchir ; le cinéma à chaque
image seconde constitue un imaginaire fictionnel où
le temps devient charnel.
L’Algérie, ces dix dernières années,
fut pour tout Occidental le temps d’une parole malaisée
(entre la compassion et la condescendance) partagée
entre l’incompréhension de l’horreur vécue là-bas
et l’incapacité réelle, ici, de formuler une
pensée cohérente. Comme si la terreur exigeait
le silence à l’esprit. De moins en moins d’images ou
alors la même qui tourne folle (comme pour le drame
du Moyen-Orient) : une rue, de la fumée, des sirènes,
un attroupement ; encore un attentat meurtrier.
Mais pas de films, si peu de cinéma. Merzak Allouache
avec L’autre monde en 2001, tentait de comprendre cette
Algérie qui avait vu naître Omar Gatlato vingt
cinq ans plus tôt. Le cinéaste algérien
retrouva un jeune homme largué et par son pays et par
son propre corps. Entre le désert des origines perdues
et la bêtise des écrans télévisuels,
L’autre monde nous racontait une effroyable perte.
Rachida est un film d’une femme algérienne vivant
dans son pays. Précision quasi obligée en ces
temps où il s’agit de dire (marquer) son territoire.
Mais de cette obscénité policière (d’où
tu viens, de quel droit tu parles de ce que tu ne sais pas…)
Yamina Bachir Chouikh n’en fait ni une arme de guerre (régler
ses comptes avec son pays, l’Europe effroyablement silencieuse)
ni un combat au nom de la juste cause (mon pays, ma patrie).
Femme et algérienne, Rachida serait la petite sœur
d’Anna Magnani mère et italienne où, d’un lieu
et d’une situation politique précise, chacune d’elle
témoigne d’une douleur pour la transfigurer.
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