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Exotourisme (c) D.R. EXOTOURISME
de Dominique Gonzales-Foerster
Par Matthieu CHEREAU


PRESENTATION : " Une plateforme, un paysage, une vision. L’arrivée sur un autre monde – la conscience du tourisme – exotourisme. UN nouveau paysage, c’est comme un film qui n’aurait pas besoin de narration. C’est une image panoramique qui reflète ses touristes et leur colonisation mélancolique des paradis perdus ou artificiels. L’exotourisme, c’est peut-être le tourisme de l’espace, le vagabondage dans l’univers entre les météorites et les exo-planétes à la recherche d’autres paysages et de nouvelles sensations. C’est peut-être aussi une confusion voulue entre spectateur et touriste, entre attraction et exposition, entre espace et image.

L’ensemble spatial, visuel et sonore (espace musical : Christophe Van Huffel) qui est présenté à l’occasion du prix Marcel Duchamp est une extension possible du Cosmodrome (Consortium – Dijon – 2001) mais aussi une continuation de l’exploration du rapport espace-image entamé avec Petite  (triennale de Yokohama 2001 – Environnement avec projection vidéo) et Parc – Plan d’évasion (documenta 11 – Environnement extérieur avec projection vidéo). "

Dominique Gonzalez-Foerster


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Dominique Gonzales-Foerster nous invite avec exotourisme dans un univers inédit dans lequel l’image invente un nouvel espace.

Couleurs

  Ipanema Theories (c) D.R.

Rouge, Jaune, Blanc : déclinées et mélangées, les couleurs composent à elles seules l’atmosphère, l’espace du lieu décrit. Elles ne sont plus secondaires, comme dans les dessins figuratifs, mais participent de la constitution même d’un monde sans fond ni consistance. La couleur est ici la pierre de touche, la référence absolue du regard. Elle est le temps et le mouvement : en se dégradant, elle signifie l’évolution du lieu. Elle est l’identité de l’espace, ce par quoi on y a le plus directement accès.

La couleur est également l’interface du lieu. Elle communique, " vit " littéralement l’espace qu’elle constitue, elle s’efface ou s’accentue, signifie son absence, sa transformation ou ses crises. Elle cite ses références : Rothko pour l’intensité, les impressionnistes pour la manière qu’elle a de mimer les reflets et les ondées.

La couleur, au-delà de ses qualités et des manières dont elle se manifeste à la vision, cherche à brouiller les pistes du monde qu’elle habite ou, au contraire, à en révéler l’aspect irrémédiablement changeant. En perpétuelle métamorphose, elle est secret et lumière, corps en évolution, partout et jamais la même – aussi vaste que l’espace qu’elle définit. C’est le premier cadre sans véritable limite que connaît le cinéma. La couleur, étant à la fois contenu et contenant, ignore les limites, déborde comme pourrait le faire un tableau de Rothko le cadre qui pourtant la renferme. Elle se réalise comme espace en mouvement, débordement en deçà et au-delà du cadre.


Forme

102  (c) D.R.

Il y a dans les petites formes qui parcourent l’espace une fonction de citation : Kandinsky, Dali font ainsi à l’occasion des apparitions discrètes. Ondulations, mouvements, formes élusives, vacillantes, comme des oiseaux, des étoiles – oiseaux-étoiles- l’onde aérienne, la spirale dynamique, la mosaïque qui progresse par disparition, les vaisseaux-couleurs et vaisseaux-cristeaux tournoyants, ces points qui parcourent en rivières circulaires l’univers de couleurs, les étoiles de couleurs qui s’éparpillent et se recomposent, la circonvolution… tous ces motifs peuplent l’espace tout en se conformant à son unique principe d’existence: l’apparition/disparition. Le monde n’est dés lors plus qu’une épiphanie, il est ce qui surgit, se révèle au regard pour l’instant d’après disparaître. Il est le monde de l’instant perpétuellement renouvelé, le monde-protée.