Mouvement
Observer exotourisme, c’est, bien
entendu, songer à Solaris de Tarkovski
et son grand mouvement secret. L’univers est ici à la
fois espace et liquide, il opère mystérieusement
à sa surface, en lui-même ou au-delà de
lui-même. Son être est un secret tout autant que
ses effets sur les êtres qui le parcourent ou l’approche.
Le mouvement devient un dépaysement, une pratique du
dévoilement et du secret.
Sons
Vaisseaux en croisière
cyberspaciale, bruits électroniques aériens,
Piano-symphonie : le son d’exotourisme, c’est
la poésie futuriste conjuguée à la sauce
romantique. Cet univers sonore évoque le mystère
de ce voyage futuriste tout en en soulignant le côté
profondément doux et agréable. Le son déjà
est une promesse – mieux, une garantie.
La texture
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Il faut encore parler
de la couleur ici, car c’est elle qui plante le décor
et joue la pièce. Elle est l’acteur principal d’exotourisme,
tandis que les motifs qui la chevauchent ne sont que des détails,
des instants dans son paysage. Actrice, la couleur l’est au
sens où elle se contrarie elle-même : elle
pousse en dessous d’elle-même, par-dessus, elle se recouvre,
se transforme du dedans. La métamorphose survient de
partout, non pas de l’extérieur mais du décor
lui-même qui se fait, pour l’occasion, acteur.
Une chose prodigieuse dans cet univers est que le ciel devient
une limite. Jouant avec nos préjugés, nos regards
habitués, Dominique Gonzales-Foerster fait intervenir
dans l’espace un ciel parsemé de nuages, mais ce ciel
n’intervient que comme une sorte de vitre qui laisse entrevoir,
au-delà d’elle-même, un autre espace qui se dérobe
à notre regard.
Gonzales-Foerster parvient en somme
avec exotourisme, à décrire deux choses :
D’une part, un monde
nouveau dont la compréhension passe par l’assimilation
de nouvelles lois entièrement étrangères
à notre propre monde. Ces lois relèvent de l’altérité,
du temps, de l’espace et des flux.
D’autre part, ce nouveau monde ne rend pas nécessaire,
pour qu’on l’apprécie, la prise en compte de ces nouveaux
principes. Il est d’emblée bon et accueillant. C’est
dire qu’exotourisme se présente à la
manière non seulement d’un rêve mais également
d’une utopie. J’ignore quelle est la part dans cette utopie
de l’esthétique et de l’idéologie. Mais d’ailleurs,
l’esthétique d’un temps n’est-elle pas déjà
une idéologie ?
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Titre : Exotourisme
Réalisatrice :
Dominique Gonzalez-Foerster
Prix : lauréate
du prix Marcel Duchamp
Espace musical : Christophe
Van Huffel, Guitariste de Tanger, Christophe (Olympia
2002)
Musique pour " le
plan du film " : Orlan
Production images numériques
: Delphine Zampetti et Lune verte
Exposition au Centre Pompidou :
25 Octobre au 16 Décembre (Galerie 3 –
Niveau 6)
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