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Intervention divine (c) D.R. INTERVENTION DIVINE
d’Elia Suleiman
Par Marc DAFONTE


SYNOPSIS : Une histoire d'amour se déroule entre un Palestinien qui vit à Jérusalem et une Palestinienne de Ramallah. L'homme, - E.S., - évolue entre son père malade et cet amour, en s'efforçant de maintenir en vie l'un et l'autre du fait de la situation politique, la liberté de mouvement de la femme s'arrête au poste de contrôle militaire israélien situé entre les deux villes…

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  Intervention divine (c) D.R.

Si le conflit larvé des blocs Est/Ouest s’est résorbé, si le mur de Berlin s’est effondré, le conflit israélo-palestinien ne l’est point et semble s’inscrire dans une durée " quasi éternelle ". Enclenché au lendemain de la seconde guerre mondiale, il est encore d’actualité et plus que jamais sa résorption demeure incertaine.

Intervention divine d’Elia Suleiman présente en ce sens une particularité : il épouse cette longévité exceptionnelle du dit conflit et semble même éclore à partir d’elle. Et c’est à l’aune de ce fait qu’il faut " lire " ce film, primé par la " critique internationale " et le jury du festival de Cannes 2002.



Trois âges: un même conflit

Trois générations traversent l’œuvre d’Elia Suleiman, la première est aux portes de la vieillesse, la seconde est adulte et la troisième bien qu’inscrite dans l’enfance, pourchasse avec une violence inouïe un bien malheureux Père Noël.

Le cycle de la violence et de la contre violence d’une durée plus proche du siècle que du demi-siècle, crée un univers chaotique qui engendre une réalité absurde dans un sens " beckettien " du terme.

Intervention divine (c) D.R.

Le personnage qui salue de la main et insulte de la bouche, tout comme l’homme qui se débarrasse des ses poubelles chez la voisine ou encore du destructeur de la route exposent l’absurdité de leur réalité. Ils ont vécu le drame de leur Palestine aux trois âges de leur vie. Et ce drame perdure, même au crépuscule de leur existence. Le temps d’une retraite paisible semble sabordé par l’absence d’équilibre que procure une vie ordinaire dotée d’une identité nationale libre. Tout donc bascule d’une façon linéaire vers un certain absurde et non sens.

Les personnages âgés du film jettent leur surplus de colère renflouée sur leur propre voisinage et proclament d’une certaine façon une hypocrisie en forme de cercle. La frontière entre l’absurde et la folie s’amincit dès lors et se dilue dans un humour aux frontières du désespoir.

L’enfance, quant à elle, a perdu ses illusions. Elle signifie au Père Noël par un couteau de cuisine et des jets de pierres qu’il n’existe pas et n’a jamais existé pour elle. Puisque leur imaginaire, reflet de leur réalité est amputé du rêve et de l’innocence qui sied à leur génération. " Le Père Noël en temps de guerre, c’est insolent, non merci ! " semble-t-elle dire en ouverture du film.