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Le film démarre
sur une représentation des Frêres Karamasov
de Dostoievski, où apparaissent comme en condensé,
certains des futurs protagonistes du film. Puis le générique
prend place avec un orchestre enjoué où l’on
remarque une choriste, qui réapparaîtra plus
tard, discrètement, en candidate à un casting
de pub. (Alors qu’elle proposera de chanter la pub - pour
une bière - la directrice artistique lui rétorquera
que, le quotient intellectuel d’un buveur de bière
étant à peine supérieur à celui
d‘un géranium, La Callas n’est pas nécessaire...)
C’est à la fin de la musique qu’interviennent, dans
une église, les deux personnages principaux : Daniel
Coulombe, un jeune comédien et le père Leclerc,
représentant de l’église catholique de Montréal.
Ce dernier, souhaitant dépoussiérer le spectacle
sur la passion du Christ joué l’été sur
une colline de la ville, charge Daniel de concevoir un nouveau
spectacle.
Daniel accepte, et se met en quête de ses apôtres
(savoureuse scène de doublage de film X avec apparition
de Marie-Christine Barrault), tous ou presque acteurs talentueux
broyés par le système et réduits à
gagner leurs vies cahin caha...
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Après quelques
rodages, le spectacle se met en place et très vite,
devient un triomphe. Daniel rencontre alors sur son chemin
les vautours du succès, un avocat spécialiste
du "plan de carrière" (et fasciné
par la vinaigrette de Paul Newman), ou des critiques artistiques
enthousiastes à coup de formules creuses : "Vous
êtes le meilleur acteur de votre génération",
"C’est un spectacle in-con-tour-nable". Bref les
médias...
Mais c’est pourtant du prêtre que va venir le drame
et le coup de sifflet final. Celui-ci, ancien comédien,
religieux éteint ("Ils m’ont eu" dit-t’il
de sa hiérarchie... "les institutions durent plus
longtemps que les individus...") ne peut pas cautionner
la version "libre" que donne Daniel de la passion
du Christ. Il aurait des problèmes avec ses supérieurs
et serait muté à Chicoutimi...
Daniel a beau se défendre de n’avoir pas trahi les
évangiles et constater que la pièce "marche",
il se voit rétorquer : "Mais je veux pas que ca
marche !"...
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Cette phrase, épouvantable
quand on l’a ramène à certaines de nos préoccupations
quotidiennes, marque le basculement du film dans le drame.
Tout d’un coup on ne rigole plus, la descente aux enfers (et
de la croix) peut démarrer. Daniel finit à l’hôpital,
laissant à l’un de ses partenaires (joué par
Robert Lepage) la morale de l’histoire : "Je vous l’avais
dit, quand on joue des choses comme ça, ça se
termine mal..."
On note au passage (ce qui n’a pas du plaire aux journalistes
français qui ont en gros détesté le film)
que le héros est reçu dans deux hôpitaux
avant de mourir : l’un français (c’est la pagaille)
l’autre anglais (clean) où on apprend à ses
amis terrassés qu’une demi-heure plus tôt, Daniel
aurait pu être sauvé. (dans tout le reste du
film, la troupe de comédiens ponctue d’idiomatismes
anglais chaque moment d’enthousiasme...)
Le film se termine sur la prolongation du "message"
de Daniel Coulombe, sous forme d’une fondation et... de ses
organes vitaux, ses yeux, son coeur étant transplantés
à des anonymes, jusqu’en Italie...
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