Ce " transcendant ",
nourri d’un " pas encore " (c’est aussi
le manque et l’absence que nous devinions précédemment
au sujet du plan kaurismäkien) qui signifie aussi un
" pour bientôt ", ouvre la voie
de l’utopie réalisatrice, " Terre promise "
qui trouvait sa conjonction virtuelle au carrefour du diptyque
rock Les Leningrad cowboys go to America / Les Leningrad
cowboys rencontrent Moïse (l’Amérique mythique
et sa bible gravée dans le rock) et déniche
son actualisation dans la friche industrielle ré-affectée,
repeuplée, ressoudée du film.
Même s’il s’agit peut-être là du récit,
drapé de l’étoffe dont sont faits les rêves,
d’un homme qui a cessé de vivre dans un lit d’hôpital
anonyme, de l’utopie post mortem d’une ombre se rêvant
au paradis mais qui aurait aussi le pouvoir de ressusciter
les cadavres. Et de faire que le réel se mette enfin
à ressembler à un conte de fée promis
pour demain. L’onirisme tranquille du film, relativement
proche d’un Jean Vigo pour qui poétiser le réel
n’empêchait pas celui-ci de demeurer au contraire
bien réel, n’aurait pas alors d’autre origine.
Cette image transcendante, instance d’un " principe
espérance " (Ernst Bloch) et de désignation
non plus d’un après-coup mais d’un " meilleur
après ", image vivante de " l’esprit
de l’utopie " (idem) promis à souffler
et insuffler, enfler et gonfler les bannières d’une
humanité qui est l’image radieuse de l’avenir de
la nôtre, rencontre un mélancolique écho
dans cette fin digne du cinéma de Nicholas Ray (les
personnages nous tournent le dos : leur amour, comme
dans Johnny Guitar, est leur affaire ; l’avenir
leur appartient et un train est là pour pudiquement
nous l’affirmer) comme dans ce blues déchirant de
Blind Lemon Jefferson qui semble apaiser les personnages,
prêts à relancer leur petite machine de résistance
et de lutte. Ce qui finit de faire de L’Homme sans passé
le Dodes’Kaden de son auteur. Ainsi que l’un des
très rares films populaires à notre connaissance
qui peut supporter la comparaison, parce qu’elle est dénuée
de toute ingénuité, avec It’s a wonderful
world de Louis Armstrong. Et finalement, c’est le fantôme
persistant, de Frank Capra si l’on veut, mais surtout de
Charlie Chaplin qui, très présent ces derniers
temps (Suleiman encore, la ressortie du Dictateur),
(re)vient à notre rencontre. Et participe de notre
actualité.
" Quelque chose devient autre. Venu d’en bas
un choc se propage " Ernst Bloch, Héritage de ce temps, coll.
" Critique de la théorie ", 1978.
2001L'Homme sans passé avec
Kati Outinen 1998 Juha avec
André Wilms 1995Au loin s'en
vont les nuages avec Kari Vaananen 1994Total Balalaik
Show 1993Les Leningrad
CowBoys rencontrent Moise avec M. Pellonpää
1993Tiens ton foulard,
Tatiana avec Matti Pellonpää 1992Those were the
days (cm) 1992These boots
(cm) 1991J'ai engage
un tueur / I hired a contract killer avec
Margi Clarke 1991La Vie de boheme
/ Boheemielämää avec Jean Pierre
Léaud 1990La Fille aux
allumettes / Tulitikkutehtaan avec Kati Outinen 1989Likaiset kädet
(TV) 1989Leningrad Cowboys
go America avec Matti Pellonpää
1988Ariel avec
Matti Pellonpää 1987Hamlet Goes
Business / Hamlet liikemaailmassa 1987Thru the wire
(cm) 1987Rich little
bitch 1987Shadows in Paradise
/ Varjoja paratiisissa avec Matti Pellonpää
1986 Rocky VI, Thru
the Wire (cm) 1985Calamari Union
avec Sakari Kuosmanen 1983Crime et Chatiment
/ Rikos ja rangaistus 1980Le Menteur /
Saimaa Ilmiö