L’attitude de Sokourov à l’égard de la culture
russe, représentée métonymiquement par l’Ermitage, s’apparente
clairement au fil des scènes à un discours de révérence, un
discours finalement promotionnel et non critique. Il s’agit
en définitive de trouver la forme la plus adaptée (et de ce
point de vue c’est réussi) à ce tour d’horizon, - tour du
propriétaire - de l’art russe et étranger. Pas un mot sur
les conditions de production de cet art, sur le fait qu’un
grand nombre d’œuvres sont nées d’un conflit avec la société
de leur temps, que toutes sont diverses et n’ont rien de commun
entre elles sinon ce lieu qui les regroupe arbitrairement,
ce lieu où le pouvoir les a placés - depuis Catherine II jusqu’au
maire actuel de Saint Pétersbourg - à des fins idéologiques,
dans le but de fonder le sentiment d’appartenance à une culture
russe, nationale voire nationaliste. Les filmer de la sorte,
comme un tout uni dans un discours lénifiant et patriotique,
n’est-ce pas trahir l’action même de tous les auteurs des
œuvres exposées dans ce musée ? Ce n’est pas semble-t-il une
question qui préoccupe Alexandre Sokourov, chantre et penseur
de l’Art avec un grand A...
Il sera sans doute possible très bientôt - si ce n’est déjà
le cas - d’acheter le DVD du film de Sokourov dans la boutique
du musée car c’est là, sans doute, sa destination finale,
c’est à dire le sens ultime d’une telle entreprise. Ce film
en effet ne relève plus de la démarche cinématographique dans
le sens classique mais de celle d’un secteur en pleine expansion
: le multimédia culturel. À un “ contenu ” très
convenu, plutôt ennuyeux et conforme à la vision dominante,
institutionnelle (de l’art, de l’histoire, des œuvres) correspond
la forme épatante, nécessairement numérique tant l’outil fascine,
d’un authentique “ défi technologique et humain ”
qui constitue le véritable (et le seul) événement du film.
En dernière analyse, L’Arche Russe est peut-être le
film pionnier d’un nouvel âge correspondant à l’état actuel
de notre civilisation où l’idée même de rencontre que proposait
l’art est lentement mais sûrement remplacée par la consommation
de “ biens culturels ” – nouveau moyen pour la société
de contrôler le discours qu’on tient sur elle.
1)
Le steadycam est une technique de caméra portée
utilisée pour la première fois par Kubrick dans
son film “ The Shining ” et permettant
une très grande stabilité de l’image pendant les
déplacements.
2)
Dans son ouvrage Le Temps Scellé, Editions
Cahiers du Cinéma.
3)
Dossier de Presse.
Titre
: L'Arche russe Titre VO : The
Russian Ark Réalisateur
: Alexandre Sokourov Acteurs : Sergueï
Dreïden ; Maria Kouznetsova. Editeur : Editions
Montparnasse Encodage : master
haute definition Langue : Russe Sous titres : français
Durée : 95
min Zone : 2
Bonus du DVD : Making-of
du film (42 minutes en VOST), le film annonce
et le chapitrage
2001 Père
et fils avec Vasilij Guzov 2001Taureau / Taurus de Alexandre Sokurov 1992 La
Pierre avec Piotr Alexandrov, Leonid Mozgovoy
2002 L'arche
russe The Russian ark avec Sergey Dreiden 2000 Dolce
avec Miho Shimao, Maya Shimao 1999Moloch
avec Elena Rufanova, Leonid Mosgovoi 1999 Le
Noeud avec Aleksandr Solzhenitsyn 1997 Mere
et fils / Mat'i Syn avec Gudrun Geyer,
Alexei Ananishnov
1996 Une
vie modeste de Alexandre Sokurov 1996 Elegie
orientale de Alexandre Sokurov 1995Spiritual
Voices de Alexandre Sokurov 1995Voix
spirituelles de Alexandre Sokurov 1995Le
rêve d'un soldat Soldatski son de Alexandre
Sokurov 1993Pages
cachées avec Alexandre Cherednik, Elizaveta
Koroljova 1990 Le
Deuxième Cercle avec Piotr Alexandrov,
Nadezhda Rodnova 1989Elegie
de Petersbourg de Alexandre Sokurov 1989
Elegie soviétique de Alexandre Sokurov 1989 Sauve
et protege - Madame Bovary de Alexandre
Sokurov 1988 Maria
Marija de Alexandre Sokurov 1988 Le
Jour de l'éclipse Dni Zatmenia avec A.
Annanishnov 1987
Elegie de Moscou avec Andrei Tarkovsky,
Tonino Guerra 1987
Offrande du soir Jertva vecernaja de Alexandre
Sokurov 1985
Elegie de Alexandre Sokurov 1979 La
Voix solitaire de l'homme avec Tatyana
Gerjacheva, A. Gradov