La nouvelle trilogie de Lucas représente un exemple unique de film en pleine mutation. En effet Lucas construit ce nouveau cycle en perpétuel équilibre entre la nostalgie de l'ancienne trilogie et le besoin viscéral de nouveauté que ressent le spectateur. C'est pourquoi, visuellement, les nouveaux épisodes de la saga sont particulièrement fascinants... Prenez n'importe quelle image de l'Episode I ou de l'Episode II, même totalement sortie de son contexte, et vous l'identifierez forcément comme appartenant à l'univers Star Wars... Et pourtant vous reconnaîtrez en même temps qu'elle apporte une subtile variation à cet univers particulièrement riche.

Beaucoup ont crié au scandale, en critiquant l'utilisation d'images de synthèse dans la nouvelle trilogie et sa soi-disant «dénaturation» du mythe. Pourtant personne n'a été capable de pointer un élément visuel précis (à part l'infâme Jar Jar Binks, soit) qui pourrait expliquer ce rejet du design des préquels, et pour cause : s'il y a bien un élément sur lequel on ne peut attaquer les nouveaux épisodes, c'est sur leur conception visuelle, tout simplement parfaite. Chaque plan, chaque décor, chaque costume, chaque objet et chaque vaisseau est un pont entre l'ancienne et la nouvelle trilogie : la nouvelle réalisation de Lucas est le plus fascinant puzzle visuel de l'histoire moderne du cinéma. En effet, comme la nouvelle histoire mise en place est destinée à rejoindre l'ancienne, chaque avancée dans le récit s'accompagne d'une référence visuelle plus appuyée à l'ancienne trilogie. C'est pourquoi on peut parler d'un film «mutant», le plus étrange étant que cette mutation se fasse vers une oeuvre réalisée des années auparavant.