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                                1) La première ayant inspiré à Claude Chabrol 
                                La Cérémonie en 1995, la troisième Le Cri du Hibou 
                                au même cinéaste en 1987 (sans même parler de 
                                Stranger on a train d’Alfred Hitchcock en 1951), 
                                et Ozon en a pris scolairement bonne note puisque 
                                son film semble être également inspiré par Les 
                                Biches (1968) du même Chabrol.  
                                 
                                2) On espère gentiment 
                                qu’il n’y a aucun rapport de causalité à établir 
                                entre les deux motifs mentionnés, ou bien alors 
                                cela signifierait qu’Ozon avoue par la bande (ou 
                                alors inconsciemment) qu’il est un brin raciste, 
                                ce qui pourrait sembler après tout logique en 
                                fonction de cette phobie du réel ou de ce refus 
                                affiché de toute altérité qui trouve son contrepoint 
                                dans un univers anglo-saxon connu pour sa faible 
                                porosité, dans lequel plonge présentement le cinéaste 
                                et que nous sommes en train d’analyser.  
                                 
                                3) Ce que le sociologue 
                                Maurice Halbwachs nommait « l’imaginaire collectif 
                                ».  
                                 
                                 4) Le modèle du genre 
                                pourrait être Suspicion (1941) d’Alfred Hitchcock. 
                                Etrange impression d’ailleurs que celle de se 
                                dire qu’Ozon, artiste décalcomaniaque et corseté 
                                dans ses calculs formels à faible intensité, semble 
                                avoir découvert fraîchement la veille les joies 
                                de la mise en abyme et des dédales de reflets 
                                de miroirs dans les miroirs.  
                                 
                                 5) Est-ce tout à fait 
                                un hasard si le tournage de ce film a été interrompu, 
                                Ozon calant sur la suite à donner à un récit dont 
                                forcément il ne savait rien à l’avance ?  
                                 
                                 6) Voir également le 
                                premier film de Bernard Rapp, Tiré à part (1996), 
                                moins modernisant, plus efficace, tout aussi faiblement 
                                passionnant.  
                                 
                                 7) In Ciné Journal, 
                                volume I, Petite Bibliothèque des Cahiers du Cinéma, 
                                1998, p.78-83.  
                                 
                                 8) Tradition française 
                                à laquelle ont appartenu des écrivains tels Marcel 
                                Aymé, Georges Simenon (Blier appréciera le voisinage), 
                                et aujourd’hui Michel Houellebecq, le meilleur 
                                représentant pour le cinéma étant aujourd’hui 
                                avec Blier Claude Berri (qui a adapté Aymé avec 
                                Uranus en 1989), le patriarche de ce lignage étant 
                                Claude Autant-Lara (qui a pareillement adapté 
                                Aymé avec le fameux La Traversée de Paris en 1955), 
                                plus connu pour ses œuvres cinématographiques 
                                que pour son adhésion en fin de parcours au Front 
                                National.  
                                 
                                 9) Le personnage de 
                                Michel Bouquet paraît être celui des deux le plus 
                                pathétique, ressemblant à un croisement improbable 
                                entre François Mitterrand et un faune priapique 
                                et sautillant. On pense alors avec affection à 
                                Michel Piccoli dans Je rentre à la maison (2001) 
                                de Manoel de Oliveira dont le sujet, entre autres, 
                                était la dignité (dans la tenue d’une carrière 
                                de comédien par exemple). Plus Blier multiplie 
                                les ratages, plus son vieux rêve caché de réaliser 
                                son « Bouvard et Pécuchet » à lui s’éloigne à 
                                grandes enjambées.  
                                 
                                 10) « La conception 
                                [de Calmos] qui voudrait adopter les éléments 
                                du discours macho pour mieux en dénoncer les aberrations, 
                                ne manque pas d’audace. Mais le réalisateur se 
                                révèle si peu maître de son langage cinématographique 
                                que la vérité misogyne de son propos s’impose 
                                malgré tout » (Jean-Michel Frodon, L’Age moderne 
                                du cinéma français. De la Nouvelle Vague à nos 
                                jours, Flammarion, 1995, p.571). On verra que 
                                le constat que l’on tire de la vision des Côtelettes 
                                n’est peut-être pas si éloigné de celui tiré par 
                                Frodon, que la chose est aussi beaucoup plus grave. 
                                 
                                 
                                 11) Extrait : « Un 
                                moribond, ça sent pas bon ». Le film regorge de 
                                ce type de tristes truismes qui défie le sens 
                                critique.  
                                 
                                 12) Voir par exemple 
                                la tirade fameuse et significative de Jean-Pierre 
                                Léaud dans La Maman et la Putain (1974) de Jean 
                                Eustache sur les petits restaurants.  
                                 
                                 13) Ce qui devrait 
                                plaire à un critique du genre d’Alain Riou qui 
                                s’est plaint à France-Inter lors du tout récent 
                                palmarès du dernier Festival de Cannes d’avoir 
                                vu des films à ce point, nous citons, « manquer 
                                de sang et de chair ».  
                                 
                                 14) En ce sens, Gaspar 
                                Noé semble être le digne héritier de ce cinéma-là, 
                                avec comme horizon indépassable les diarrhées 
                                verbales et atrabilaires de Louis-Ferdinand Céline 
                                et pour antithèse (pour nous un contre-poison 
                                salutaire) la positivité vitaliste de Nietzsche 
                                (dégraissée de ses schèmes autoritaristes et hiérarchistes). 
                                 
                                 
                                 15) On pourrait reprendre, 
                                et le film nous y autorise grandement, le mot 
                                célèbre de Michel Ciment au sujet du premier film 
                                de Patrice Leconte, Les Vécés étaient fermés de 
                                l’intérieur (1975) : « Tirons la chasse ». Mais 
                                on ne le fera pas (rions un peu !) pour ne pas 
                                tirer sur une ambulance si mal en point.  
                                 
                                 16) « Les films de 
                                Blier sont comme des « compils », ces disques 
                                où l’on collectionne les morceaux les plus brillants 
                                d’œuvres musicales d’un genre ou d’un artiste. 
                                Les « compils » du vrai film de Bertrand Blier, 
                                qu’il ne fera jamais » (Jean-Michel Frodon, opus 
                                cité, p.698).  
                                 
                                 17) Les dispositifs 
                                apprêtés d’Ozon n’apparaissent-ils pas au final 
                                comme les héritières putatives des « puzzles sophistiqués 
                                » (Jean-Michel Frodon, op. cit., p.579) de Michel 
                                Deville ? Seul aujourd’hui un cinéaste tel Alain 
                                Resnais sait profiter du studio parce qu’il est 
                                préalablement un artiste-monteur et un expérimentateur 
                                de formes hétérogènes plutôt qu’un colleur d’affiches 
                                soucieux qu’elles soient suffisamment provocantes 
                                (mais pas trop quand même) et ainsi ajustées afin 
                                de racoler le plus grand nombre de spectateurs 
                                possible.  
                                 
                                 18) Voir à ce titre 
                                le beau livre d’Anne Gillain, François Truffaut, 
                                le secret perdu, Hatier, Paris, 1991.  
                                 
                                 19) Significativement, 
                                le personnage de Charlotte Rampling dans Swimming 
                                Pool zappe lorsque à la télévision on parle de 
                                mouvements sociaux. Dans Les Côtelettes, Blier 
                                part (comme souvent) sur les chapeaux de roue 
                                d’une dénonciation au vitriol du visage politique 
                                français (sur l’air de Quoi ma gueule ? Qu’est-ce 
                                qu’elle a ma gueule ?) pour ne plus savoir qu’en 
                                faire après et tirer à vue sur tout ce qui bouge, 
                                ratant catastrophiquement toutes les cibles que 
                                l’auteur s’était données au départ. 
                                 
                               
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