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Les Temps modernes (c) D.R. DOSSIER CHARLIE CHAPLIN

LES TEMPS MODERNES

de Charles Chaplin
Par Nadia MEFLAH
à l’occasion de la sortie,
chez MK2, du film en DVD


SYNOPSIS : Charlot est ouvrier dans une gigantesque usine. Il resserre quotidiennement des boulons. Mais les machines, le travail à la chaîne le rendent malade, il abandonne son poste, recueille une orpheline et vit d'expédients. Le vagabond et la jeune fille vont s'allier pour affronter ensemble les difficultés de la vie...

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CAMARADES ?

  Les Temps modernes (c) D.R.

« Lorsque le travail perd son pouvoir créateur, il n’est que besogne et se vide du manque qui l’affecte, manque où l’homme reconnaît sa propre et irreprésentable trace. L’œuvre est à la besogne ce que la parole est au discours et à la langue. » Denis Vasse, Le temps du désir. Essai sur le corps et la parole. Point Seuil, 1969, p.115.

« Pour servir des aspirations parfois confuses et des besoins terriblement précis, qui sont de la personne, Charlot ne dispose que des moyens rudimentaires, ridicules, mécaniques et toujours poétiques du pantin, de la marionnette, de l’innocent, de l’inadapté, parfois de l’enfant. » Barthelémy Amengual, Du réalisme au cinéma. Nathan, 1999, p.808

En janvier 1931, Charles Chaplin quitte Hollywood et l’Amérique pour un long périple. Sa première escale au pays natal, la Grande Bretagne, fut un triomphe et l’occasion pour lui de retrouver les lieux de mémoires son enfance londonienne.

Un roi à New-York (c) D.R.

« On se sent comme un mort revenant sur terre. L’odeur, l’odeur du réfectoire, et se souvenir que vous étiez assis là, et que cette éraflure sur le pilier, c’est vous qui l’avez faite. Seulement, ce n’était pas vous, c’était quelqu’un d’autre dans une autre vie - votre compagnon d’âme - , quelque chose que vous avez été et qui n’est plus. Un serpent qui se débarrasse de sa peau de temps à autre. Vous avez quitté l’une de ces peaux, mais elle garde votre odeur…Je n’ai jamais connu un pareil moment dans ma vie. Je me suis senti comme malade d’émotion » (1)

Ce témoignage saisissant nous fait ressentir toute la puissance évocatrice, à fleur de peau qu’il n’aura cessé de mettre en œuvre dans ses films. Ce qui lui assurera immédiatement une reconnaissance universelle tant il a su saisir ce qui ressort de l’intime : notre peau, notre odeur. A ce sujet, il y aurait une histoire olfactive du cinéma chaplinien à écrire où son personnage Charlot jusqu’à Shadhov (Un roi à New-York 1957) entretient une relation ambiguë avec les odeurs, notamment corporelles.

Il ne manquera pas ensuite durant ces dix-sept mois de vacances à travers le monde (Allemagne, Autriche, France, Italie, Thaïlande, Japon) de s’enivrer de fêtes, d’aventures amoureuses et de galas somptueux. Or, entre ses festivités mondaines, loin du travail, Chaplin écrivait des notes préliminaires pour Modern Times tout en développant une théorie sur l’économie (La Solution Economique.(2)) Lorsqu’il revient au printemps 1932 en Californie dans ses studios de cinéma (Lone Star fut crée fin 1917 à l’angle de Sunset Boulevard et de l’avenue La Brea) l’équipe était réduite au strict minimum et la bourse en baisse ne faisait pas espérer de jours meilleurs pour tout un chacun, contraint à l’inaction et au chômage.