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Traffic (c) D.R. TRAFFIC
de Steven Soderbergh
Par Yann RAYMOND


SYNOPSIS Le Président des États-Unis nomme un juge de la Cour Suprême de l'Ohio, Robert Wakefiel, à la tête de la lutte antidrogue. Cependant, ce conservateur découvre que sa propre fille, Caroline, est toxicomane. À San Diego, Helena Ayala mène une vie paisible avec son riche mari Carlos. Mais celui-ci est arrêté, accusé d'être un puissant caïd de la région. Du jour au lendemain, Helena se retrouve sans le sou. La seule façon d'assurer l'avenir de l'enfant qu'elle porte en elle, c'est d'écouler à son tour le stock de poudre blanche. Les agents infiltrés de la Drug Enforcement Administration, Montel Gordon et Ray Castro, appréhendent le trafiquant Eduardo Ruiz, un subalterne de Carlos qui promet de témoigner contre lui à la Cour. Les deux officiers sont chargés de sa protection. Au Mexique, le policier Javier Rodriguez travaille sous les ordres du général Salaza. Confronté à la tentation de l'argent, Javier résiste, mais la corruption le conduit à une situation intenable.

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INSTANTANES DE VIE

  Traffic (c) D.R.

Le film communément appelé « de guerre » est l’un des genres prisés des réalisateurs américains. Steven Soderbergh, après Erin Brockovich qui nous contait la bataille d’une personne seule et isolée face à l’une des entreprises les plus puissantes des Etats-Unis, s’attaque à un sujet particulièrement risqué parce que maintes fois traité.

La guerre ici évoquée sévit sur l’ensemble du continent américain : la pointe Nord (USA) consomme, tandis que la pointe Sud (Brésil, Bolivie, Colombie, Mexique) produit et passe cocaïne, héroïne, etc. L’absence de manichéisme simpliste rend tout de suite le film très attractif. Traffic retrace un parcours, potentiellement viable, depuis le Mexique jusqu’aux Etats-Unis, soit depuis ceux qui permettent à la drogue de franchir la frontière jusqu’à la jeune étudiante de seize ans consommatrice.

Traffic (c) D.R.

Pour qu’il y ait Traffic, il faut être au moins deux. Le film repose tout entier sur une succession d’échanges binaires puis sur ceux d’un couple vers un autre qui sert de relais : les deux flics fédéraux mexicains, les deux agents de la DEA, les deux policiers américains, le couple Ayala, le couple Wakefield. Les situations sont dangereuses, la corruption une manière de vivre. Un policier mexicain touche $316 par mois.

Si Steven Soderbergh n’imagine pas l’aspect sans fin de l’histoire, il ne laisse pas basculer son film dans le sentimentalisme, il adopte la position la plus juste qui soit, tente à peine d’expliquer, constate surtout que personne ne souhaite véritablement changer la situation.

L’écart de niveau de vie entre les deux continents est tel que freiner le trafic de drogue est une illusion. Cette différence est marquée par l’utilisation de filtres : couleurs chaudes, orangées, pour les scènes mexicaines, couleurs bleutées pour le nouveau tsar de la lutte anti-drogue désigné par la Maison Blanche (Michael Douglas), celui-là même qui découvre le penchant de sa fille pour les drogues. L’impossibilité de communiquer avec elle l’entraîne très vite dans un premier temps à se battre, avec succès, pour l’aider à se sortir de l’état de dépendance dans lequel elle s’installe.